( 30 mai, 2008 )

L’état-Major français

L’état-major français 

L’état-major qui a été créé en 1839 comprenait huit maréchaux, quatre-vingt généraux de division et cent soixante généraux de brigades. Seuls quatre maréchaux commandaient un corps lors des hostilités : Mac Mahon (1er Corps), Bazaine (3e Corps), Canrobert (6e Corps) et Leboeuf (3e Corps). 

L’état-major français n’est plus habitué à manœuvrer de grandes unités et abandonne l’initiative des opérations aux généraux allemands. Cette armée performante dans les différentes expéditions comme la conquête de l’Algérie, désapprend dans le même temps les formes européennes de guerre en se coupant des progrès issus de la révolution industrielle car il faut compter sur l’influence pernicieuse des guerres coloniales : supériorité facilement acquise sur des adversaires archaïques grâce aux technologies occidentales, prééminence du courage et du choc tactique avec mise en œuvre de manœuvres simples. La guerre contre l’Autriche, en 1859, n’a pas arrangé les choses, non plus que celle de Crimée ou la désastreuse expédition du Mexique. Le général Bazaine, excellent combattant, bon meneur d’hommes sera incapable de diriger une armée qui se retrouve face à de grandes unités prussiennes, forte de milliers d’hommes, bien organisés et menant des opérations concertées car Molke a lui, entre autres, un sens de l’organisation hors pair. Il sait donner des directives simples et claires à son état-major, avec des objectifs à long terme, tout en laissant aux échelons intermédiaires une grande liberté d’action car il est sûr de leur adhésion à ses vues et à ses principes. 

D’ailleurs, peu avant la guerre, Napoléon III organise au camp de Châlons un exercice auquel sont conviés des officiers prussiens. Commentaire des visiteurs : « C’est très beau, mais ce n’est pas la guerre ! » Or ils savent de quoi ils parlent puisqu’ils viennent de remporter la victoire de Sadowa contre les Autrichiens ! 

Là où les Français persistent à glorifier le commandement de type « héroïque » en refusant presque systématiquement l’intellectualisme pour un culte infantile de l’action,  les Prussiens ont compris la complexité et l’extension des opérations modernes que l’on qualifie de « scientifique » non seulement dans le domaine technologique mais aussi dans celui des pratiques de commandement, menée par une bureaucratie possédant suffisamment de « recul » – dans tous les sens du terme – par rapport à la ligne de contact. Même si une grande partie des généraux français combat avec une vaillance exceptionnelle, payant à chaque instant de leur personne, on attend d’abord d’un officier général qu’il commande et coordonne au sein de son état-major, pas qu’il se batte comme un lieutenant. Entre le 4 août et le 2 septembre seize généraux sont tués et quarante cinq blessés. 

Cette « bureaucratie » prussienne, formidable « cerveau militaire » rendu nécessaire par les guerres de l’ère industrielle est à la fois une immense machine administrative et organisationnelle et un formidable laboratoire d’idées où la théorie, l’histoire et la géographie militaire sont à l’honneur, le grand état-major élabore les plans et formule les ordres en lieu et place du monarque, dont la compétence et les aptitudes sont reconnues comme limitées. Ce qui n’est pas le cas de Napoléon III qui commande en personne et interfère dans la chaîne de commandent. Malgré le caractère éminemment aristocratique et conservateur de l’armée prussienne, tout officier intellectuellement brillant et ayant fait ses preuves peut y servir, sans qu’il soit exigé de lui une ascendance noble. Et il doit au préalable avoir servi en unités opérationnelles, à l’inverse de ce qu’on constate dans le corps d’état-major de l’armée française, où l’on peut servir quasiment sans discontinuer depuis sa sortie de Saint-Cyr. Afin de disposer d’un vivier de cadres de qualité, Molke crée en 1859 la Kriegsakademie, institution à même de fournir les officiers du grand état-major et les commandants des grandes unités (armées, corps d’armées, divisions, brigades), et où prime une formation intellectuelle orientée sur la pratique ; ce système est encore renforcé par la pratique d’un véritable « contrôle continu » imposant une sélection permanente parmi les rares élus.   

Grâce à elle, les Allemands disposent de chefs remarquables : Le Hanovrien réformateur Scharnhorst ; le Silésien Clausewitz, qui dissèquera la stratégie napoléonienne, en démontera les rouages, en dégagera les leçons et les principes, insistera sur l’initiative et le goût des responsabilités ; l’Autrichien Gneisenau ; le Sudète Bayen ; le Westphalien Grolmann ; le Saxon Müffling ; le trop ardent Steinmetz. Tous, issus de la petite noblesse pauvre, lecteurs passionnés du discours à la nation allemande de Fichte, paru en 1807, aux goûts simples, ascétiques même, d’influence luthérienne, épris de rigueur, de grandeur, de Perfection travaillent avec acharnement la théorie, puis son application à la pratique. Leurs cadets ont l’expérience des guerres de 1863 et de 1866. Tous ont suivi attentivement notre campagne d’Italie de 1859 pour déterminer nos lacunes et nos points forts. Ce sont des pragmatiques. Aussi construisent-ils leur armée en fonction de la nôtre, afin de mieux nous battre lors d’une guerre à laquelle ils aspirent de toute leur âme. Les chefs des trois premières armées allemandes connaissent de longue date leur mission, leurs moyens, leurs objectifs. Ils étudient le terrain de leurs futures opérations et préparent en conséquence leurs plans 

( 28 mai, 2008 )

« La Division bleue »

La Division bleue 

Le plan initial français consistait à envahir le nord de l’Allemagne avec une force de débarquement de quarante mille hommes (réduite à quinze mille) soutenue par les Danois. Suite aux défaites de Spicheren-Froeschwiller, la « Division  bleue » de marine sous le commandement du général de Vassoigne fut dirigé le 7 août vers Châlons et incorpora la nouvelle armée du maréchal de Mac-Mahon. La division forte de dix mille hommes s’illustra pendant la bataille de Sedan en défendant le village de Bazeilles contre les Bavarois.  Durant la courte campagne de Sedan, la « Division  bleue » était composée de quatre régiment d’infanterie de marine de trois bataillons chacun à six compagnies. 

( 25 mai, 2008 )

L’organisation de l’armée impériale : l’artillerie

L’artillerie 

Voulant être le digne héritier de son oncle, Napoléon III étudia spécialement l’artillerie et dessina une pièce 12-pdr. Napoléon qui fut utilisée pendant la guerre de Sécession. Le patronage de l’Empereur permit l’introduction de pièces rayées qui arrivèrent à temps pour la campagne d’Italie même si plus tard personne ne se rendit compte de la supériorité des nouveaux canons Krupp exposés à Paris en 1865. Le comité refusant le chassepot en 1858 et dix ans plus tard le Krupp. 

Un état-major spécial s’occupait de la planification et de l’administration de 11 circonscriptions militaires mais c’était l’infanterie qui s’occupait des munitions ! 

La mobilisation ayant été catastrophique, les régiments se retrouvèrent dispersés car chaque corps en avait un. Par ex-emple, le 17e régiment d’artillerie à cheval dut répartir ses batteries entre 2e, 3e et 4e corps et le 6e régiment fut répartir entre le 1e, 5e et 7e corps. 

L’absence de Grand Parc de réserve limitait chaque canon à 440 obus. De plus, les plus grosses pièces se trouvaient dans les réserves aux moments décisifs de la campagne en sachant le rôle primordial qu’a joué l’artillerie dans ce premier conflit industriel !  30% des blessures ont été causées par elle. 

L’artillerie française avait oublié Wagram et Borodino et ne savait plus utiliser « l’effet de masse ». 

Il y avait vingt régiments d’artillerie : quinze régiments numérotés de 1 à 15, un régiment de pontonniers numéroté 16 et quatre régiments à cheval numérotés de 17 à 20. Chaque régiment à pied avait douze batteries et huit seulement étaient déployées en temps de guerre. Les régiments à cheval avaient huit batteries toutes déployées en temps de guerre.  Le régiment de pontonniers avait quatorze compagnies. Cinq batteries se trouvaient encore en Algérie et deux dans les états du Pape. Les effectifs de l’artillerie s’élevaient à 30000 hommes et 16000 chevaux. 

Les deux régiments du train à seize compagnies chacun étaient responsables du transport des munitions et de l équi-pement. 

Il y avait aussi dix compagnies de sapeurs et six d’artificiers. 

( 24 mai, 2008 )

La cavalerie de ligne

La cavalerie française était divisée en trois catégories : réserve, de ligne et légère. La cavalerie de réserve était constituée de cuirassiers, celle de ligne de dragons et de lanciers et la légère de hussards et de chasseurs. La cavalerie dite « d’Afrique » était considérée comme légère. Chaque branche avait une fonction : le choc pour la première, le service général incluant des opérations démontées pour la seconde et la reconnaissance pour la troisième. 

La cavalerie française ne rêvait que de charges décisives d’où les désastres de Morsbronn, Froeschwiller et Sedan. Elle avait oublié sa première mission, le renseignement. En 1868, un rapport ministériel suggère qu’on mette à disposition de  chaque division d’infanterie un régiment de cavalerie de ligne ou de cavalerie légère sur le modèle prussien mais le projet échoue. Une division de cavalerie est attachée à chaque corps en plus de trois divisions indépendantes. Ainsi, l’armée française ne dispose pas d’un système de reconnaissance efficace et flexible ce qui affecte le déroulement des batailles. La marche d’action offerte au régiment individuel disparaît dans l’effet de masse des divisions. Les attaques montées surprises des allemands à Wissembourg, Mars-la-Tour et Beaumont sont le résultat de la négligence de la cavalerie française. Durant la courte campagne de Sedan, l’infanterie était furieuse de constater que ses mouvements étaient découverts par les patrouilles adverses alors que la sienne ne faisait rien pour empêcher cela. 

La cavalerie française ne voulait pas entendre parler « du feu » et considérait « l’élan » et le « choc » comme seule la « orthodoxie » possible même si la pratique a montré le contraire comme par exemple le 12e dragons à Spicheren. 

La cavalerie de ligne était constituée de dix régiments de cuirassiers, douze  de dragons, 8 huit de lanciers, douze de chasseurs et huit de hussards. Les régiments de réserve et de ligne avaient cinq escadrons, six pour les légers. Un escadron par régiment était laissé en dépôt. Au début des hostilités, cinq régiments n’étaient pas présents. 

Les cuirassiers 

La fonction première des cuirassiers – le choc – n’étant pas adéquat au théâtre d’opérations du Second Empire, ils ne servirent qu’à la parade.  Leur technique de combat n’évolua pas en cinquante ans. Six des dix régiments faisaient partir de la réserve et quatre du Ier et 6e corps. La brigade Michel fut massacrée dans les rues de Morsbronn et les quatre magnifiques régiments de la division de réserve Bonnemains furent massacrés par le « feu » prussien. 

Les dragons 

Ils jouèrent un rôle mineur dans les campagnes de Second Empire à part la guerre de Crimée où le 7e régiment s’illustra. Dix régiments participèrent au début de la campagne contre les Prussiens. Seul le 6e arriva après le début des hostilités. Le 3e régiment fut responsable de la tragique erreur de la bataille de Mars-la-Tour. Ils prirent les lanciers de la Garde pour des dragons ennemis. Ils firent preuve d’efficacité dans leur rôle d’infanterie montée à la bataille de Spicheren où deux escadrons, une centaine de réservistes et des troupes du génie tinrent en échec les Prussiens facilitant la retraite française. 

 Les lanciers 

Seul deux régiments, le 1er et le 4e se battirent à la bataille de Solférino dans le corps de Canrobert. Au début des hostilités avec la Prusse, huit régiments entrèrent en campagne. Deux escadrons du 6e chargèrent avec la brigade Michel à Morsbronn, le 3e se joignit à la charge des cuirassiers à Rezonville et à Sedan, le 1er et le 7e  régiments furent massacrés par les lignes prussiennes. Des éléments du 2e et du 6e échappèrent à l’encerclement et purent rejoindre les troupes de la République. 

Les hussards 

Il restait huit régiments au début des hostilités. Un régiment avait été dissous en 1856 pour fournir les régiments de la Garde. Ils furent de toutes les campagnes de l’empire : Le 1er et le 4e en Crimée ; le 2e, 5e, 6e, 7e et le 8e en Italie. Ils furent aussi représentés en Syrie et au Mexique. Dès le début de la campagne, ils furent engagés : le 2e et le 7e à la grande bataille de Mars-la-Tour et le 1er à la bataille de Sedan. Le 3e réussira à échapper à l’encerclement. 

Le 8e étant en Algérie et le 6e à Lyon, ils ne prirent pas part au début de la campagne. 

Les chasseurs à cheval 

Les chasseurs furent utilisés comme force d’invasion en Algérie. Quatre régiments : le 2e, 4e, 7e et le 10e se battirent en Italie. Le 3e fut engagé à la défense des états du Pape et le 12e fut de l’expédition du Mexique. 

Douze régiments étaient présents aux débuts des hostilités. Deux autres, le 7e et le 8e réjouinrent le reste de l’armée à Sedan où ils furent incorporés au nouveau 12e corps. Seul le 6e chargea avec le 1er hussard. Des quatre régiments présents, seul le 11e put s’enfuir. 

Les cavaliers de Remonte 

Ils devaient fournir l’armée en chevaux. En 1870, les chevaux de la cavalerie française étaient inférieurs à ceux de leurs adversaires. 

  

( 23 mai, 2008 )

L’armement des belligérents

L’armement des troupes allemandes 

Bade 

L’infanterie était armée du fusil rayé à culasse badois M1867 et prussien M1862 (Life Gre-nadier Regt, 5e RI). Les dragons étaient encore armés de la carabine rayée à percussion badoise M1853. L’artillerie badoise était dotée du nouveau canon rayé Krupp (8cm C/64 et 9cm C/67). 

Bavière 

L’infanterie était encore armée du fusil rayé à percussion Podewils M1867 sauf le 12e et 13e régiment d’infanterie qui avaientt reçus le nouveau fusil rayé à chargement par la culasse Werder M1869. Les jägers était armés d’une version plus courte du fusil Podewils sauf les bataillons n°2, 5, 9 et 10 qui avaient reçu la version carabine de l’excellent fusil Werder. Les chevau-légers étaient dotés de la carabine prussienne M1857. Les uhlans étaient armés de la lance. 

L’artillerie bavaroise était encore dotée de canon de 4 et de 6 (système Zoller). Au mois de septembre, l’artillerie sera renforcée avec des batteries de mitrailleuses. Le 2e régiment recevra une batterie à cheval de 12. Les artilleurs bavarois n’avaient pas de carabines mais ils se serviront de chassepots capturés à l’ennemi. 

Brunswick 

L’infanterie était armée du fusil rayé à chargement par la culasse prussien M1862. Les hussards étaient armés de la carabine rayée à chargement par la culasse M1857. L’artillerie était armée de canons rayés  de 6. Les artilleurs n’avaient pas de carabines. 

Hesse-Darmstadt 

L’infanterie était armée du fusil rayé à chargement par la culasse prussien M1862. Les jägers étaient armés du fusil prussien à culasse M1865. Les chevau-légers étaient armés de la carabine prussienne à culasse M1857. L’artillerie hessoise était du modèle prussien. 

Mecklenburg 

L’infanterie était armée du fusil rayé à chargement par la culasse prussien M1862. Les jägers étaient armés du fusil prussien à culasse M1865. Les dragons étaient armés de la carabine rayée à chargement par la culasse M1857. L’artillerie mecklenburgeoise était du modèle prussien. 

Saxe 

L’infanterie était armée du fusil rayé à chargement par la culasse prussien M1862. Les deux bataillons de jägers étaient armés du fusil prussien à culasse M1865 et le régiment Schützen était armé du fusil de fusilier M1860. La cavalerie saxonne était armée de la carabine rayée à chargement par la culasse M1857. Les uhlans étaient dotés de la lance. 

Wurtemberg 

L’infanterie et les jägers étaient armés du fusil rayé à chargement par la culasse prussien M1867. La cavalerie était armée pour ⅔ de pistolet à percussion  et pour  ⅓ de la carabine prussienne à culasse M1857.

L’armement des  troupes françaises 

L’époque impériale 

L’équipement de l’armée impériale est globalement standardisé : l’infanterie est armée du chassepot. Les dragons, la cavalerie légère et l’artillerie sont armés du fusil de dragon du modèle chassepot.  Les lanciers de la ligne et de la garde étaient armés de la lance.  L’artillerie dispose de mitrailleuse Reffye et de canons rayé en bronze à chargement par la bouche de 4 et de 12. 

L’époque républicaine 

Après les pertes en armement et en équipement de l’armée du Rhin et de Châlons, la red-dition de Metz et de Sedan, le gouvernement de la Défense Nationale est face à un gros problème d’armement : on estime les effectifs à 800000 hommes au mois de février 1871 mais seulement 290000 sont armés du chassepot, 150000 de différents fusils à chargement par la culasse et le reste de fusils à percussion ou de mousquets. Concernant les canons, beaucoup de modèle et de calibre différents ont été utilisés durant la période républicaine. De même pour les mitrailleuses. 

( 23 mai, 2008 )

L’organisation de l’armée impériale : l’infanterie de ligne

Les troupes de ligne 

Les « lignards » fournirent 80% des troupes combattantes pendant les batailles du Second Empire. Au mois d’août 1870, Elles étaient divisées en sept corps d’armée et en deux divisions de cavalerie de réserve (2e et 3e) plus l’artillerie et le génie. Seul le 1er corps avait des zouaves et des turcos. Le 1er corps  de cavalerie de réserve était composé de quatre régiments de chasseurs d’Afrique. 

Trois corps (1er, 3e et 6e) étaient commandés par des maréchaux. Ces corps-là avaient qua-tre divisions d’infanterie, une division de cavalerie de trois brigades et une réserve d’artillerie à huit batteries. Les corps commandés par un général avaient trois divisions d’infanterie, une division de cavalerie de deux brigades et une réserve d’artillerie de six batteries. 

Une division d’infanterie était subdivisée en deux brigades de deux régiments. La 1ère brigade avait un bataillon de chasseurs habituellement. Une brigade de cavalerie avait deux régiment voir trois. 

L’Infanterie de ligne 

En 1870, la doctrine de combat française n’était plus celle de la révolution ou du 1er Empire. Celle qui avait été réaffirmée lors de la campagne de Crimée ou d’Italie, c’est-à-dire : l’esprit offensif. L’élan naturel du soldat français succomba à la puissance de feu qu’offrait l’armement « moderne ». Les participants du feu détrônèrent ceux « de la charge à la baïonnette ». Les distances de tir augmentant ne firent  qu’accroître l’obsession de la position défensive laissant à l’ennemi l’initiative. 

Chaque régiment de ligne avait trois bataillons de huit compagnies, six servant sur le ter-rain. La 7e et la 8e de trois différents bataillons formaient les bataillons des régiments de dépôts dits « de marche ». 

A cause des problèmes de mobilisations, les effectifs des régiments dépassaient rarement les 2000 hommes et certains régiments n’avaient que 1300 hommes qu’on dû renforcé avec des réservistes. 

Les chasseurs à pied 

Crée en 1834 par le duc d’Orléans, les régiments légers au nombre de dix s’illustrèrent en Algérie. En 1848, ils  devinrent chasseurs à pied. En 1853, Napoléon III augmenta ce nombre à 20. Ils furent de toutes les campagnes. Etant considéré comme des troupes d’é-lites, ils prirent par à la campagne dès ses débuts et quatre bataillons furent quasiment annihilés à Froeschwiller. 

Chaque bataillon avait  huit compagnies, six servant sur le terrain. 

( 23 mai, 2008 )

L’organisation de l’armée impériale : l’armée d’Afrique

L’origine de l’armée d’Afrique remonte à la colonisation de l’Algérie dans les 1830. Vouée à n’être employée qu’en Algérie, elle participa à toutes les campagnes du Second Empire. Constituée uniquement de volontaires « indigènes » (à ses débuts) encadrés par des officiers français, « l’esprit de corps » était très fort. Grâce à la qualité de ses hommes, l’armée d’Afrique était considérée comme un corps d’élite. De nombreux généraux ont servi dans ses rangs : Canrobert, Mac Mahon, Bazaine, Bosquet et Saint-Arnaud. 

I. Les régiments d’infanterie 

Les tirailleurs algériens  Formé en 1833 avec des volontaires arabes et turcs, ce corps é-tait considéré comme indiscipliné par les Français. Les effectifs après l’assimilation des é-léments « indigènes » des zouaves étaient constitués uniquement de natifs, la moitié des lieutenants l’étant aussi. Par contre, les officiers supérieurs étaient tous français. En 1841, Ils furent organisés en trois régiments, un par province. 

Ils furent de toutes les campagnes : Crimée, Italie, Sénégal, Indochine et Mexique où ils y acquirent une réputation de « dur à cuire ». 

En 1863, l’Empereur accepta la création d’un 4e bataillon dans chaque régiment afin de promouvoir les bons éléments dans la Garde impériale via le régiment de zouaves. 

Les trois régiments participèrent à la campagne de 1870 dans le 1er corps d’armée où ils prirent part à de violents affrontements à Wissembourg, à Froeschwiller et où ils subirent de très grosses pertes. 

Les « Turcos » furent quasiment annihilés à Sedan. 

Chaque régiment avait sept compagnies, dont six servant sur le terrain. 

Les zouaves 

Formé en 1830 avec des volontaires « natifs », ce corps fut complètement européanisé à la création du 1er régiment en 1842.  Le 13 février 1852, on créa un régiment par pro-vince avec chacun des trois bataillons du 1er régiment. Ils participèrent à toutes les cam-pagnes : Crimée, Italie, Liban et Mexique. Le 2e fut décoré de la légion d’honneur pour son action à Magenta et on admira depuis Palestro la « Furia francese ».  Les zouaves s’illustrèrent aussi pendant l’été 1870, particulièrement à Froeschwiller où le 3e régiment perdit 65 officiers et 2000 hommes. Les zouaves se rendirent à Sedan avec le reste de l’armée. 

Chaque régiment avait 3 bataillons de 9 compagnies, 6 servant sur le terrain. 

Les régiments de cavalerie 

Les chasseurs d’Afrique 

Formé en 1830 avec des  cavaliers volontaires « natifs », ce corps fut incorporé quelques années plus tard dans deux nouveaux régiments : « les chasseurs d’Afrique ». Ils furent constitués avec trois escadrons de chasseurs à cheval ayant participé à la campagne de pacification et avec des volontaires venus de métropole. 

Ils participèrent à de nombreuses campagnes : Crimée, Italie, Syrie, Chine et Mexique où Ils furent décorés de la légion d’honneur. 

En 1870, Il y avait quatre régiments. Le 2e fut engagé lors de la grande bataille de cava-lerie de Mars-la-Tour. Le 1er et 3e régiment escortèrent l’Empereur de Châlons à Metz. Le 1er, 3e et 4e combattirent à la bataille de Sedan.  Contrairement aux autres régiments de cavalerie légère, les chasseurs d’Afrique n’alignaient de quatre escadrons sur le terrain au lieu de cinq habituellement. 

( 23 mai, 2008 )

L’organisation de l’armée impériale : la Garde

L’organisation de l’armée impériale 

I. La maison de l’Empereur 

Elle était dirigée par le maréchal Vaillant, vieux compagnon de Napoléon III et premier ministre de la guerre. Elle était constituée de quatorze aides-de-camp permanents et de deux à titre honorifique. Dix étant général de division, cinq étant général de brigade et un amiral. Huit étaient présents au début des hostilités. Elle avait aussi une section de topo-graphie dirigée par le général de Béville, aide-de-camp de l’empereur. 

L’empereur avait douze officiers d’ordonnance dont un officier de marine. 

L’escadron des Cent-Gardes – formé par le décret du 24 mars 1854 – était attaché à la maison de l’empereur et assurait la sécurité des résidences impériales et de celui-ci lors de ses déplacements sur le terrain. Il comprenait dix officiers et cent trente-sept cava-liers. Il accompagna l’Empereur lors de la très court campagne de l’été 1870. 

Un escadron de gendarmes montés – formé en août 1854 – qui appartenait à l’origine à la Garde impériale fut placé sous le commandement du maréchal Vaillant sous la dénomination de « Gendarmes d’élite » pour assurer la sécurité des palais. Il accompagna l’Empereur lors de la très court campagne de l’été 1870. 

II. La Garde impériale 

Napoléon III décida par décret du 1 mai 1854 de reformer la Garde impériale. Elle servit en Crimée et en Italie. Elle avait la taille d’un corps d’armée en 1870. La Garde joua un rôle mineur dans la campagne. Elle intervint le 16 août à Mars-la-Tour et à Gravelotte/Saint-Privat. 

1ère division (de voltigeurs) 

Elle était constituée de deux brigades à deux régiments de trois bataillons plus un bataillon de chasseurs. Les troupes divisionnaires comprenaient deux batteries de 4 et une de mitrailleuses provenant du régiment de la Garde à pied et d’une compagnie du génie. 

2ème division (de grenadiers) 

Elle était constituée de deux brigades. La première ayant un régiment de grenadiers à trois bataillons et un régiment de zouaves à deux bataillons. La deuxième ayant deux régiments de grenadiers. Les troupes divisionnaires étaient les mêmes que celles de la 1ère division. 

Chaque bataillon d’infanterie avait sept compagnies dont six servaient sur le terrain à l’exception du bataillon de chasseurs qui en avaient dix dont huit servaient sur le terrain. 

La division de cavalerie de la Garde 

Elle était constituée de trois brigades de deux régiments : 

- Une brigade légère (Guides et chasseurs à cheval) 

- Une brigade moyenne (dragons et lanciers) 

- Une brigade lourde (cuirassiers et carabiniers) 

La division était dotée de deux batteries du régiment de la Garde à cheval. 

Les régiments de cavalerie de la Garde avaient six escadrons dont cinq servaient sur le terrain. 

Les batteries d’artillerie avaient six pièces. 

Les troupes du corps 

Elles étaient constituées par quatre batteries à cheval plus un escadron du train d’artillerie et un escadron du train des équipages militaires. 

II.a Les régiments d’infanterie de la Garde 

Les chasseurs à pied 

Le bataillon fut créé en 1854. Il participa à la campagne de Crimée et à celle d’Italie où il fut récompensé de la Légion d’honneur pour la capture d’un drapeau autrichien. Le bataillon fut sévèrement engagé lors de la bataille de Rezonville où il perdit deux cents hommes. 

Les grenadiers  Deux régiments furent créés en 1854 et un troisième en 1857 suite à la brillante campagne de Crimée.  Ils s’illustreront deux ans plus tard à la bataille de Magenta en Italie contre les Autrichiens. 

Lors de la guerre de 1870, les grenadiers participèrent avec l’armée du Rhin à la bataille de Rezonville où ils protégèrent son flanc gauche. Les pertes totales des trois régiments s’élevèrent à mille deux cents hommes. Le troisième bataillon du troisième régiment ne prit pas part à la bataille car il escorta l’Empereur à Sedan où il fut capturé. Le reste le fut après la capitulation de Metz. 

Les voltigeurs 

Deux régiments furent créés en 1854 et deux autres en 1857 suite à la brillante campagne de Crimée.  Ils s’illustreront deux ans plus tard à la bataille de Solférino en Italie contre les Autrichiens.  Les voltigeurs n’eurent qu’un rôle mineur dans la guerre de 1870. 

Les zouaves 

Le régiment fut créé en 1854. Il s’illustra en Crimée où il perdit la moitié de son effectif lors de la prise du fort de Malakoff et en Italie à la bataille de Magenta. Il fut engagé lors de la bataille de Rezonville où il perdit quatre-vingt quinze hommes sur mille deux cents. 

II.b Les régiments de cavalerie de la Garde 

Les carabiniers 

Il y a eu deux régiments puis un seul à partir de 1865 qui ne fut pas engagé durant la guerre de 1870. 

Les chasseurs à cheval 

Quatre escadrons furent créés en Crimée et un régiment au retour. Il servit en Italie. Il n’eut qu’un rôle mineur pendant la campagne de 1870. 

Les cuirassiers 

Le régiment fut crée en 1854. Il forma avec le régiment de carabiniers la brigade lourde de la Garde. A Rezonville, il fut chargé d’arrêter la progression de l’infanterie prussienne. Il perdit 250 cavaliers en quelques minutes. 

Les dragons 

Le régiment fut crée en 1855 et pris le nom de « dragons de l’Impératrice » en 1857. Il forma avec les lanciers la brigade moyenne de la Garde. Il participa à la campagne d’Italie. Il prit part à la grande action de cavalerie de Mars-la-Tour où il perdit soixante-dix hommes. 

Les Guides 

Huit escadrons furent crées en 1848 et Ils intégrèrent la brigade légère de la Garde im-périale en 1855. Ils participèrent à la campagne d’Italie et à celle de 1870 où ils n’eurent qu’un rôle mineur. Un escadron forma l’escorte de l’Empereur et fut capturé à Sedan. 

Les lanciers 

Le régiment fut crée en 1855. Il participa à la campagne d’Italie. Il prit part à la grande action de cavalerie de Mars-la-Tour où il perdit cent quarante hommes. 

II.c L’artillerie 

Le régiment de l’artillerie à cheval de la Garde fut crée en 1854. Il participa à la campagne de Crimée, d’Italie et du Mexique. Il était constitué en 1870 de  deux régiments de six batteries de six pièces de 4. 

II.d Le Train 

Le train d’Artillerie de la Garde était constitué d’un escadron de deux compagnies pour chaque régiment. Il était responsable des véhicules et des munitions. 

II.e Le train des équipages militaires  Il fut créé en 1855 trois compagnies indépendantes qui participèrent à toutes les campagnes de la Garde. 

( 22 mai, 2008 )

«La France seule contre tous»

(Article du n°58 de la revue « Historia »)

En décidant sur un coup de tête, entre le 6 et le 19 juillet 1870, d’entrer en guerre contre la Prusse, l’entourage de Napoléon III croyait pouvoir compter sur trois alliés au moins : l’Autriche, l’Italie et le Danemark. La réalité fut tout autre et la France se retrouva isolée à la veille de la guerre. 

L’Autriche 

François-Joseph, l’empereur d’Autriche veut bien oublier que Napoléon III lui a enlevé la Lombardie en favorisant l’unité italienne et abandonné son frère Maximilien dans le guêpier mexicain, mais il doit composer avec l’opinion neutraliste de ses sujets hongrois et surtout, avec la menace de représailles russes. Circonstance aggravante : la précipitation de la France en 1870 ne laisse pas à François-Joseph le temps de préparer son peuple à l’idée d’une guerre, la troisième en onze ans. Dans ces conditions, hésitant à franchir le pas, il subordonne son intervention à un premier succès français en Allemagne du Sud, et à la condition que Napoléon III y soit vraiment accueilli en libérateur. 

La Belgique 

Léopold II le roi des Belges déteste Napoléon III qui a spolié sa mère, une princesse d’Orléans, et rendu folle sa sœur Charlotte, la malheureuse impératrice du Mexique. En révélant, le 20 juillet 1870, que l’ambassadeur de France lui a secrètement demandé au moment de Sadowa (1866) d’annexer la Belgique et le Luxembourg, et en prenant soin de faire publier la nouvelle dans le Times, Bismarck réussit à soulever contre la France à la fois l’opinion belge et l’opinion britannique. Léopold II mobilise 80000 hommes le long de la frontière française et écrit à la reine Victoria, sa nièce par alliance : « l’empereur Napoléon est un conspirateur… Il est le grand coupable. L’Europe entière devrait profiter de l’occasion pour dicter à la France ses conditions. » Ainsi, avec cette question belge, Napoléon III a-t-il perdu le soutien de sa plus fidèle alliée, l’Angleterre. 

Le Danemark 

Christian IX, désireux de récupérer les duchés de Schleswig et du Holstein arrachés par la Prusse en 1864, envisage bien un moment d’aider la marine française – alors l’une des premières du monde -, à débarquer près de Kiel. Mais la mauvaise volonté du ministre de la Marine, l’amiral Rigault de Genouilly, retarda l’opération et lorsque les Danois apprirent nos défaites en Alsace, ils jugèrent prudent de s’excuser. 

La Grande-Bretagne 

Victoria a de meilleures relations avec Napoléon III depuis sa visite en 1855 et la guerre de Crimée. Mais, avec l’arrivée de Gladstone au pouvoir et le mariage de la princesse Vicky (fille de Victoria) avec le prince héritier de Prusse, l’empereur a perdu ses appuis au gouvernement et à la Cour. L’habilité de Bismarck à dévoiler les projets belges de Napoléon III va retourner l’opinion contre la France. Le lendemain de la déclaration de guerre par la France, l’Illustrated News écrit : « L’empire libéral fait la guerre pour une question d’étiquette. » Le Times renchérit : « C’est le plus grand crime qu’une nation ait commis depuis la chute de Napoléon. » Et Victoria note : « Le comportement vantard et prétentieux des Français rendait la guerre inévitable. » 

L’Italie 

Victor-Emmanuel II doit la Lombardie à Napoléon III mais la Vénétie à Bismarck. Mais la France, en maintenant à Rome une division pour protéger le pouvoir temporel du pape, empêche le roi italien d’en faire sa capitale. Soucieux de ménager l’opinion des catholiques, dont certains ne craignent pas de dire « plutôt les Prussiens à Paris que les Italiens à Rome », Napoléon III refuse de « perdre son honneur sur le Tibre ». L’Italie, elle, optera pour la neutralité… 

La Russie 

Alexandre II s’est brouillé sur la question polonaise avec Napoléon III, lequel tolère à Paris l’existence d’un parti polonais animé par Walewski (le fils naturel de Napoléon Ier), d’un comité central pour la cause polonaise et la publication de romans dénonçant les atrocités russes. Cette brouille s’envenime encore lors de la visite du tsar à l’Exposition universelle de Paris en 1867. Le Russe prend très mal l’invective de l’avocat Floquet qui lance sur son passage un « Vive la Pologne, Monsieur ». Puis, au retour de la revue de Longchamps, il essuie un coup de feu tiré par un patriote polonais et échappe de peu à la mort. Le soir même, il veut repartir. L’impératrice réussit à l’en dissuader mais le tsar en garde rancune. En 1870, il promet à Bismarck de prendre l’Autriche à revers si elle fait cause commune avec la France. 

 

( 22 mai, 2008 )

Chronologie des opérations du 19 juillet au 10 mai 1871

(D’après l’article de Michèle Battesti dans le numéro n°58 de la revue « Historia ») 

« La guerre en quatre actes… » 

15 juillet 1870 : Guillaume 1er décrète la mobilisation 

17 juillet : l’Italie fait savoir qu’elle ne soutiendra la France que si l’Autriche fait de même et si les troupes françaises évacuent Rome. 

19 juillet : la France déclare la guerre à la Prusse. 

20 juillet : l’Autriche se prononce pour la neutralité. 

24 juillet : appareillage de l’escadre du Nord (vice-amiral Bouët-Willaumez) pour la mer Baltique. 

28 juillet : Napoléon III arrive à Metz pour prendre le commandement de l’armée du Rhin, laissant la régence à l’impératrice Eugénie. L’armée est en cours de concentration dans le plus grand désordre – en deux masses, à Strasbourg avec le général Mac-Mahon, et à Metz 128000 hommes que doit commander Napoléon III. Le 5e corps (général de Failly) assure la liaison. Elle compte 285000 hommes. 

Acte I : la défense des frontières 

2 août : les opérations s’ouvrent par une initiative française – la seule de toute la campagne -, le IIe corps (général Frossard) s’engage en Sarre jusqu’à Sarrebruck tandis que Molke passe à l’offensive avec trois armées bien regroupées qui vont affronter les corps d’armée français dispersés. 

4 août : la IIIe armée surprend à Wissembourg (Bas-Rhin) une division du Ier corps (général Abel Douay). Surclassée en nombre, celle-ci se défend avec acharnement ; son chef tué, elle évacue la ville dans la soirée. Au lieu de retraiter vers les Vosges, le général Mac-Mahon regroupe les forces d’Alsace dans l’attente de l’appui du Ve corps, qui ne vint jamais. 

5 août : évacuation de Rome par les Français. 

6 août : une initiative du IIe corps bavarois déclenche la bataille de Froeschwiller (Woerth). Les « Turcos » de Mac-Mahon conservent leur position grâce à la précision de tir des chassepots, mais ils risquent d’être encerclés. La charge de cuirassiers de la brigade Michel, puis celle de la division Bonnemains ne peuvent les dégager, écrasées par l’artillerie prussienne. Les combats sont très meurtriers : chaque camp dénombre entre 10000 et 11000 hommes mis hors de combat. Mac-Mahon est obligé d’évacuer l’Alsace. Le même jour, le scénario se reproduit à l’identique à Forbach (Spicheren). Le IIe corps, installé solidement, est attaqué par une division de l’armée Steinmetz. Frossard réclame le soutien de Bazaine tandis que les Prussiens se renforcent. Le soir, n’ayant pas obtenu l’aide de Bazaine, Frossard décroche de Spicheren sans que le rapport de force justifie un tel mouvement. Les Français comptent 4000 tués et blessés ; les Prussiens 5000. La nouvelle de ces revers entraîne la chute du ministre Ollivier. 

10 août : le nouveau gouvernement dirigé par le général Cousin-Mautauban, comte de Palikao prend des mesures pour tenter de sauver la situation, comme l’appel de la classe 1870. 

12 août : Bazaine prend le commandement de l’armée du Rhin réduite aux corps d’armée de Lorraine, Mac-Mahon assure le commandement des trois corps en retraite depuis l’Alsace vers le camp de Châlons-sur-Marne. 

Acte II : anéantissement de l’armée impériale 

14 août : Bazaine prend la route de Verdun lorsqu’il entre contact avec les avant-gardes de l’armée Steinmetz. Sans ordre, le général von der Golz engage le combat à Borny, qui se solde par un décrochage prussien. Ce succès tactique a des effets pervers en retardant le mouvement de Bazaine et en informant Moltke sur la situation de l’adversaire sur la rive gauche de la Moselle. La IIe armée accélère le mouvement en direction de Pont-à-Mousson pour traverser la Moselle et déborder par le sud les forces de Bazaine. 

15 août : proclamation du blocus des côtes allemandes, en mer du Nord et en mer Baltique. 

16 août : les Prussiens surprennent le gros de l’armée française à l’aube encore en bivouac. Une sanglante bataille de douze heures s’engage sur un front de 11km entre Gravelotte-Rezonville et Mars-la-Tour : 16000 hommes sont mis hors de combat dans les deux camps. Bazaine prend la décision très controversée de se replier sur Verdun pour s’y ravitailler. 

18 août : à Saint-Privat, 220000 prussiens s’opposent à 125000 Français dans la bataille la plus sanglante de la guerre. Seules l’artillerie prussienne et l’intervention d’une division saxonne contraignent les 38000 hommes de Canrobert, n’ayant reçu aucun renfort de Bazaine, à se replier sur Woippy. Les pertes des Prussiens s’élèvent à 20000 hommes tués et blessés, celles des Français 13000 et 5000 prisonniers. 

20 août : les Allemands coupent  la voie ferré Metz-Thionville. L’encerclement des 170000 hommes de Bazaine est achevé. Pendant  que l’armée du Rhin est en train de se laisser neutraliser, le gouvernement Palikao organise la défense de Paris dont le général Trochu est nommé gouverneur. Simultanément, il constitue une nouvelle armée  à Châlons-sur-Marne, sous le commandement de Mac-Mahon, comprenant deux nouveaux corps d’armée formés d’unités transférées d’Algérie, de régiments de marche et des débris des trois corps d’Alsace ayant rallié à pied ou par voie ferrée. Cette armée est tiraillée entre les ordres contradictoires  de Napoléon III qui veut la ramener à Paris et du gouvernement qui veut l’envoyer à la rencontre de Bazaine qui est censé échapper à l’encerclement. 

21 août : Mac-Mahon commence par faire mouvement vers Reims avant de recevoir l’ordre de Palikao de se diriger vers l’est. Il parvient. A Argonne le 26, mais la IIIe armée et la IVe armée menacent son flan droit. Moltke peut anticiper les mouvements des troupes françaises grâce aux journaux parisiens, en particuliers Le Temps, qui ne pratiquent pas la censure. Mac-Mahon, conscient de la menace, veut s’y soustraire en rejoignant Mézières. 

28 août : Mac-Mahon reçoit l’ordre de reprendre la route de l’est. 

30 août : à Beaumont-en-Argonne, le corps de Failly est mis en déroute (5000 hommes hors de combat). Mac-Mahon renonce à passer la Meuse et décide de s’abriter à Sedan. Une armée de 125000 hommes parvient ainsi dans la cuvette de Sedan. Elle est acculée à la frontière belge par la IIIe armée qui coupe la route de Mézières et par la Ive armée bloquant celle de Montmédy. 

1er septembre : Mac-Mahon est blessé dès le début de l’engagement ; il est d’abord remplacé par Ducrot, puis par Wimpffen à la requête de ce dernier bien qu’il ne connaisse rien du théâtre des opérations. Malgré les charges de cavalerie des généraux Bonnemains et Margueritte à Floing, malgré le sacrifice de la division coloniale de Vassoigne à Bazeilles, l’armée de Châlons, accablée par les tirs concentriques de 800 pièces d’artillerie, cesse le feu sur ordre de l’empereur qui se constitue prisonnier de « son frère ». Napoléon III est enfermé à Wilhemshöhe, ancienne résidence westphalienne de son oncle, le roi Jérôme Bonaparte. 

2 septembre : le général Wimpffen signe la capitulation de Sedan (83000 hommes, 400 canons, 12000 chevaux). Le corps d’armée du général Vinoy, parti de Paris pour renforcer les troupes de Mac-Mahon, n’a pu y parvenir et a fini par rebrousser chemin. 

Acte III : les républicains poursuivent la guerre 

4 septembre : déchéance de Napoléon III et proclamation de la république ; constitution d’un gouvernement de la Défense nationale sous le gouvernement du général Trochu. Le nouveau gouvernement prend des mesures pour organiser la résistance de Paris et poursuivre la guerre à outrance. « Nous ne céderons ni un pouce de notre territoire, ni une pierre de nos forteresse » (déclaration du 6 septembre). La saignée des troupes se poursuit avec la capitulation progressive des places fortes de l’est de la France, à l’issue de sièges de plus ou moins longue durée. 

9 septembre : combat de Châtillon (Hauts-de-Seine). Début de l’investissement de Paris. Ses fortifications lui assurent un « espace vital » puisque la ligne d’encerclement des Prussiens, parvenus au terme d’une marche méthodique de deux semaines, s’étire sur 150 à 170 km de circonférence. Les conditions sont précaires en raison de la présence de deux millions d’habitants, parmi lesquels 200000 banlieusards réfugiés dans le camp retranché. La stratégie de Moltke consiste à renforcer l’investissement de Paris en laissant pourrir la situation dans la capitale isolée et à tenir éloignées, voire à détruire, les armées qui tenteraient de s’en approcher pour rétablir les communications. Toutes les tentatives de sortie de l’armée de Paris (400000 hommes) se soldent par un échec. 

23 septembre : capitulation de Toul. Combat de Villejuif. 

27 septembre : interruption de toute communication entre Paris et la province. Capitulation de Strasbourg sous les bombardements après un siège de deux mois et demi. Le lendemain, les troupes victorieuses entrent et cantonnent chez l’habitant. Les jours suivants, les autorités civiles allemandes s’installent. 

7 octobre : Léon Gambetta quitte Paris en ballon pour Tours. Il met sur pied les armées nationales (achat d’armes à l’étranger, mobilisation de 600000 hommes âgés de vingt à quarante ans), composées de douze corps d’armée armés de 1400 canons. 

13 octobre : perte d’Orléans. 

27 octobre : capitulation de Metz, une véritable catastrophe qui neutralise 173000 hommes (dont 6000 officiers et trois maréchaux) qui sont envoyés en captivité avec 56 drapeaux, 1600 canons et 250000 fusils, et que sept corps d’armée allemands sont libérés. 

28 octobre : combat du Bourget. 

30 octobre : reprise du Bourget par les Prussiens. 

4 novembre : début su siège de Belfort. 

5 novembre : le général d’Aurelle de Paladines reçoit l’ordre de reprendre l’offensive. 

8 novembre : capitulation de Verdun. 

9 novembre : combat de l’aviso française, le Bouvet, et de la canonnière prussienne, le Meteor, seul engagement naval de la guerre livré au large de La Havane et qui se solde par « match nul ». 

9-10 novembre : capitulation de Neuf-Brisach. Victoire de Coulmiers ; Aurelles de Paladines contraint les Bavarois à abandonner Orléans. 

14 novembre : nomination du général d’Aurelles de Paladines au commandement de l’armée de la Loire. 

18 novembre : nomination du général Faidherbe commandant de l’armée du Nord. 

24 novembre : capitulation de Thionville. Marche en avant de l’armée de la Loire. La stratégie  de Gambetta et de Freycinet est de lancer l’armée de la Loire vers Paris, en combinant cette offensive avec une percée de l’armée de Paris. Mais simultanément  le dispositif prussien s’étoffe : la 1er armée couvre l’investissement de Paris au nord en marchant sur la Somme. La IIe armée (Frédéric-Charles) arrive dans la région de Montargis-Pithiviers avec plus de 110000 hommes s’interposent entre l’armée de la Loire et Paris. 

27 novembre : bataille de Beaune-la-Rolande. 

30 novembre : franchissement de la Marne par l’armée de Paris (200000 hommes). Entre Neuilly-sur-Marne et Champigny, l’armée de Paris parvient à occuper la première ligne des Wurtembergeois, mais au prix de pertes considérables qui nécessitent une trêve pour relever morts et blessés. 

Acte IV : derniers sièges et chute de Paris 

2-3 décembre : à la nouvelle (fausse) d’une percée de l’armée de Paris, le général Aurelles de Paladines reçoit l’ordre de faire mouvement en direction de Pithiviers, puis de la forêt de Fontainebleau. A Loigny et Pathay, la IIe armée prend l’avantage et rejette les corps d’Aurelle au sud de la Loire. La bataille de Champigny tourne à la défaite. Les conditions météorologiques  sont particulièrement rudes, il fait -10°C, le général Ducrot ordonne la retraite de l’armée de Paris. 

4 décembre : défaite devant Orléans et chute de la ville. Destitution du général Aurelle de Paladines. Les efforts pour sauver Paris sont abandonnés. Mais à partir de l’armée d’Aurelle, Mac-Mahon constitue la IIe armée de la Loire (Chanzy) et l’armée de l’Est (Bourbaki) qui devient l’instrument de son deuxième dessein stratégique : débloquer Belfort et couper les communications allemandes en Alsace. 

5 décembre : chute de Rouen. 

6-10 décembre : défense des lignes de Josnes par Chanzy. 

8-9 décembre : reprise d’Amiens par l’armée du Nord. 

12-14 décembre : capitulation de Phalsbourg et Montmédy. 

19 décembre : repli de Chanzy sur le Mans. 

21 décembre : échec d’une nouvelle tentative de sortie de l’armée de Paris vers Saint-Denis et Ville-Evrard. 

23 décembre : l’armée du Nord bat les allemands à Pont-Voyelles. Nouvelles pertes d’Amiens (Somme). 

2 janvier 1871 : capitulation de Mézières. 

2-3 janvier : l’armée du Nord remporte une nouvelle victoire à Bapaume. 

4 janvier : la corvette prussienne Augusta défraye la chronique navale en capturant deux caboteurs et un petit bâtiment de servitude dans l’embouchure de la Gironde. Les pertes françaises sont minimes, mais le retentissement considérables. 

5 janvier : début du bombardement du sud de Paris. 

9 janvier : les 100000 hommes de l’armée de l’Est, transportés par voie ferrée, depuis Bourges et Nevers jusqu’à Châlons et Besançon, progressent à pied sous la neige vers Belfort défendue par Denfert-Rochereau. Ils remportent un succès d’avant-garde à Villersexel. Capitulation de Péronne.  11-12 janvier : la IIe armée de la Loire, battue au Mans, retraite vers la Mayenne. 

16 janvier : arrivée de Chanzy à Laval, son armée est réduite à 20000 hommes. 

15-17 janvier : l’armée de l’Est se heurte au général prussien Werder à Héricourt et commence à se débander. Elle est contrainte de se replier vers Besançon. Mais le général prussien Manteuffel lui coupe la route de Besançon-Lyon, l’acculant à la frontière suisse. 

18 janvier : à Versailles, proclamation de Guillaume Ier, empereur d’Allemagne. 

19 janvier : l’armée du Nord est vaincue à Saint-Quentin, mais la résistance de Faidherbe vaut aux départements du Nord et du Pas-de-Calais d’échapper à l’occupation ennemie. A Paris, la dernière tentative de sortie à Montretout-Buzenval est particulièrement meurtrière. Trochu démissionne. Les négociations d’armistice s’imposent par la « force majeure ». 

22 janvier : échec d’une insurrection parisienne. 

27 janvier : capitulation de Longwy. Bourbaki ayant tenté de se suicider, il est remplacé par le général Clinchamp qui négocie le passage en Suisse des débris de l’armée de l’Est. Seules Belfort et l’indomptable Bitche, assiégée depuis août 1870, résistent encore. 

28 janvier : Paris capitule. Signature de l’armistice à Versailles. 

1er février : début de l’internement de l’armée de l’Est en Suisse. 

8 février : élection d’une assemblée nationale. Victoire des conservatoires. 

12 février : réunion de l’Assemblée. 

17 février : Adolphe Thiers est désigné chef du gouvernement provisoire. 

18 février : Denfert-Rochereau évacue Belfort sur l’ordre du gouvernement. 

26 février : signature des préliminaires de paix à Versailles. 

1er mars : entrée des Prussiens dans la capitale. 

3 mars : évacuation de la capitale par les Prussiens. 

10 mai : traité de Francfort 

21-28 mai : la « semaine sanglante », écrasement par les « Versaillais » de la Commune de Paris. 

29 juin 1872 : convention sur la libération des départements occupés. 

16 septembre 1873 : évacuation de la France par les Allemands. 

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