( 24 juin, 2008 )

Le colonel Denfert-Rochereau

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Issu d’une famille de confession protestante originaire de Jarnac, Pierre Marie Philippe Aristide Denfert-Rochereau naît le 11 janvier 1823 à Saint-Maxent, dans le département des Deux-Sèvres.  Après un premier échec, il parvient finalement à intégrer l’École polytechnique en 1842, et opte pour une carrière militaire en 1845, de son propre aveu du fait de son médiocre classement. Sorti premier de l’école d’application de l’artillerie et du Génie de Metz, le jeune lieutenant est affecté au 2ème régiment du Génie à Montpellier en 1847.  Denfert-Rochereau participe à la prise de Rome en 1849, avant d’être promu capitaine et de prendre part à la guerre de Crimée, notamment au siège de Sébastopol en 1855 où il est blessé par balle à la jambe gauche. Rapatrié en France, il enseigne cinq ans la fortification à l’école d’application de Metz, avant de partir pour l’Algérie, où il fait bâtir casernes, ponts et barrages.  Désormais titulaire du grade de lieutenant-colonel, Denfert-Rochereau reçoit le commandement du génie de Belfort. L’officier entreprend d’aménager les défenses de la ville, dont il devient gouverneur en octobre 1870. Au sud de l’Alsace, Belfort est un chef-lieu d’arrondissement, sous-préfecture du département du Haut-Rhin, alors que la France est en guerre avec les armées allemandes coalisées autour de la Prusse depuis le mois de juillet. Dès le 3 novembre 1870, la région de Montbéliard est envahie par les puissantes armées ennemies, et Denfert-Rochereau doit organiser la résistance de Belfort, place forte barrant l’entrée de la Bourgogne. Assailli par plus de quarante mille soldats menés par Werder, Denfert-Rochereau ne dispose que d’environ quinze mille hommes, dont un modeste quart sont issus d’unités régulières de ligne. À la sommation de rendre la ville, Denfert-Rochereau aurait répondu à l’ennemi :  » Nous connaissons l’étendue de nos devoirs envers la France et envers la République et nous sommes décidés à les remplir « .  Refusant la sortie des vieillards, femmes et enfants, la machine de guerre prussienne utilise dès le mois de décembre 1870 plus de deux cent pièces d’artillerie, et bombarde Belfort dans l’espoir de mettre un terme au siège. Retranché dans une casemate de la tour des Bourgeois, à la porte de Brisach, Denfert-Rochereau n’accepte pas de baisser les armes, malgré les pertes humaines au sein de ses troupes et l’aggravation de la situation sanitaire de la population civile. Le combat se poursuit après l’armistice du 28 janvier 1871, et Denfert-Rochereau ne consent à se rendre que le 13 février, sur ordre exprès du gouvernement provisoire. Après 103 jours de combats, les assiégés, encore forts de douze mille hommes, quittent Belfort devant les Prussiens qui leur rendent les honneurs de la guerre. Cette résistance héroïque sauve l’honneur d’une France meurtrie par la défaite de Napoléon III et de Mac-Mahon à Sedan, et la reddition de Bazaine à Metz. Elle permet à Adolphe Thiers, élu chef du pouvoir exécutif de la République française le 17 février par l’Assemblée nationale, d’obtenir des vainqueurs la conservation de l’arrondissement de Belfort au sein de la France, le Traité de Francfort du 18 mai 1871 prévoyant de céder à l’ennemi le reste de l’Alsace et une partie de la Lorraine.   

Élu représentant du Haut-Rhin à l’Assemblée nationale dès le 8 février, le héros de Belfort donne sa démission lors de la signature des préliminaires de paix. Élevé au grade de commandeur de la Légion d’honneur le 18 avril 1871, Denfert-Rochereau est placé en position de disponibilité du fait de ses positions républicaines affirmées, et ne participe donc pas à la répression sanglante de la Commune. Désormais civil, il est élu dans trois départements aux élections du 18 juillet 1871, et opte pour la Charente-Inférieure, en siégeant auprès de la gauche républicaine dans une assemblée à majorité conservatrice et monarchiste. Réélu en février 1876 dans le VIème arrondissement de Paris, il s’inscrit au groupe de l’union républicaine des gambettitstes, et se range naturellement aux côtés des opposants au général Mac-Mahon lors de la crise du 16 mai 1877. Lors de son troisième mandat, il se consacre plus particulièrement aux questions militaires, et revendique notamment le rétablissement du droit de vote pour les militaires, qui en sont privés depuis 1872. 

Il meurt au palais de Versailles le 11 mai 1878, et reçoit des funérailles nationales lors de son inhumation à Montbéliard. 

Denfert-Rochereau et le siège de 1870-1871 

La guerre de 1871 souligna les lacunes du système défensif français : des réservistes appelés sous les drapeaux en étaient réduits à mendier dans les rues de Strasbourg. Face aux armées Prussiennes et Bavaroises, les Français, mal préparés et mal commandés se battaient avec l’énergie du désespoir.  Après les prises de Strasbourg le 27 septembre, de Mulhouse le 3 octobre et de Colmar le 8, les troupes prussiennes arrivèrent devant Belfort le 4 novembre. Le maréchal prussien Moltke à la tête de 40 000 hommes établit un siège autour de la cité. La ville était alors gouvernée par le colonel français Denfert-Rochereau à la tête de 17 000 hommes dont 3 500 seulement de l’armée active, le reste des troupes étant composé de gardes mobiles de différentes régions, de douaniers et de gendarmes. Un siège de 103 jours commençait. 

Le 3 décembre, un bombardement terrible était lancé depuis Essert par les Prussiens. Il allait durer 73 jours. 

Le 8 janvier, les troupes prussiennes s’attaquèrent à Danjoutin et s’emparèrent du village malgré la résistance opiniâtre des habitants. 

Les 15 et 16 janvier, le général Bourbaki, à la tête de 100 000 hommes tenta de débloquer Belfort mais il échoua. 

Les armées ennemies qui, jusqu’à présent ne pouvaient envoyer que des obus en raison de leur distance, une fois à Danjoutin, commencèrent à lancer des bombes sur Belfort. L’effet de ces dernières fut désastreux, elles provoquèrent un grand nombre d’incendies. Cependant, grâce au courage de quelques guerriers volontaires n’hésitant pas à franchir les lignes ennemies, Belfort ne fut jamais complètement isolée et les missives et journaux continuèrent d’arriver. Les Belfortains restèrent donc informés, notamment grâce au Journal du siège créé par M.Favret pour les circonstances. 

Le 13 février, Denfert reçut une dépêche du gouvernement de la défense nationale lui ordonnant de remettre la place aux Allemands. Belfort se rendit le 18 février 1871 alors que Paris avait déjà capitulé depuis le 28 janvier. 

Les pertes furent importantes. 459 personnes moururent du fait de la guerre et 823 moururent des épidémies qui ont suivi (variole, typhoïde, dysenterie…). Les pertes matérielles furent évaluées à 2 762 872 francs-or.  Le président du gouvernement de la défense nationale, Adolphe Thiers, obtint de la Prusse que le territoire de Belfort resta français. En échange, la France dut céder à l’occupant une partie supplémentaire de la Lorraine. Belfort pour sa conduite héroïque face aux assiégeants devint un département français, le Territoire de Belfort, mais resta occupée par les Prussiens jusqu’en 1873. Le colonel Denfert-Rochereau, devenu gênant par sa popularité grandissante reçut le 10 mars 1871 un « ordre de mise en non-activité par suppression d’emploi ». 

Composition de la garnison d’environ 16.200 hommes répartis dans les unités suivantes : 

Un bataillon du 84e de ligne.
Un bataillon du 45e de ligne.
Le dépôt du 48e, d’un faible effectif.
Une demi-batterie à pied du 7e d’artillerie.
Quatre demi-batteries à pied du 12e d’artillerie.
Une demi-compagnie du 2e de génie. 

Les unités de la Garde nationale mobile 

Une compagnie du génie formée dans la mobile du Haut-Rhin.
Trois batteries de la garde mobile du Haut-Rhin. 

Deux batteries de la garde mobile de Haute-Garonne.
Trois compagnies du Haut-Rhin.
Le 57e régiment à 3 bataillons de la Haute-Saône.
Le 4e bataillon de la Haute-Saône (isolé).
Le 16e régiment du Rhône à 2 bataillons.
Cinq compagnies de Saône- et- Loire.
Deux compagnies des Vosges. 

Les unités de la Garde nationale mobilisée, sédentaire, divers 

Trois compagnies de mobilisés du Haut-Rhin.
Environ 390 hommes de la garde nationale sédentaire de Belfort.
Une centaine de douaniers.
Quelques gendarmes à cheval. 

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