( 23 juin, 2008 )

Les fusils Chassepot et Dreyse

Le Chassepot modèle 1866 est un fusil de l’armée française mis en service en 1866 et qui a servi notamment pendant la guerre franco-prussienne de 1870. Il a probablement aussi servi dans les guerres coloniales contemporaines ainsi que durant la révolte du peuple de Paris (1871) et la naissance de l’éphémère Commune de Paris. Il est baptisé du nom de son créateur Antoine Alphonse Chassepot. 

Caractéristiques du fusil d’infanterie 

Calibre : 11 mm 

Masse : 4 635 grammes 

Longueur avec baïonnette : 1,88 mètre

Caractéristiques de la munition de 11 mm Chassepot  La cartouche du chassepot est du type combustible. C’est-à-dire que la charge de poudre noire est comprise dans une enveloppe en papier qui brûle au moment du tir. Ce qui entraîne son défaut : l’encrassement. 

Cette munition ancêtre directe de la cartouche métallique de 11 mm Gras a les données techniques suivantes : 

Charge (poudre noire) : 5,6 grammes 

Masse totale de la munition : 25 grammes 

Vitesse : 405 mètres/seconde

Le fusil Dreyse est proposé par Johann Nikolaus (von) Dreyse, reprenant les idées de Jean-Samuel Pauly. Il allonge le percuteur (appelé alors aiguille) de façon à ce que traversant la charge de poudre, il aille frapper une amorce de fulminate de mercure logée dans un évidement du sabot sur lequel s’appuie la balle. En 1837 il invente la culasse mobile verrouillée (à obturateur coulissante) sur un épaulement par la rotation imprimée par un levier latéral : c’était l’ancêtre de la fameuse culasse Mauser. Les crachements étaient rejetés vers l’avant par la conception de l’arrière du canon et de l’avant de la culasse : le premier en cône saillant, la seconde en cône creux.  En 1841 arme et munitions étaient au point et proposées à la Prusse qui fit des essais dans le plus grand secret. Une petite série donna entière satisfaction lors de l’insurrection badoise de 1847. Dès lors le Dreyse fut définitivement adopté en 1848, produit en très grande série, mais distribué aux corps de troupe avec discrétion. En 1864 au Danemark, puis en 1866 contre l’Autriche à Sadowa, les fusils Dreyse montrent leur supériorité face aux armes à chargement par la bouche. 

Il permet : 

- augmentation de la cadence de tir à 6-8 coups par minute ;  - possibilité de tirer en position couchée, plus stable, ce qui expose moins le tireur au feu adverse ; 

- possibilité de rayer le canon, ce qui augmente la précision et la portée. 

Le fusil M41 

Calibre : 15,4 mm 

Longueur : 142,5 cm 

Canon : 90,7 cm (4 rayures à droite, profondeur des rayures 0,78 mm, largeur des rayures 6 mm, pas de 732 mm) 

Masse : 4615 g 

Une hausse à curseur mobile 

Capacité : 1 coup 

La cartouche 

La cartouche combustible en papier a un diamètre de 16 mm. Elle est chargée de 4,8 g de poudre noire et d’une balle de 31 g en plomb de forme ovoïde sous-calibrée (diamètre de 13,6 mm). 

Longueur de la cartouche : 56 mm environ.  Vitesse initiale 295 à 305 m/s et portée maximale de 600 m. 

( 2 juin, 2008 )

L’artillerie de campagne française (1)

Il y avait deux pièces en service dans les armées impériales : celles de 4 (86 m/m 5) et de 12 (121 m/m 3) en bronze, à l’âme rayée et se chargeant encore par la bouche. La 8 initialement désignée pour remplacer celle de 12 ne fut en service que dans les armées républicaines. Le nouveau canon de 4 système « La Hitte » de 1858 fut mis en service durant la campagne d’Italie. Il était léger, très maniable et facilement tiré par quatre chevaux. Celui de 12 était déjà ancien et lourd. Il fallait six chevaux pour le tirer. Il était utilisé par les réserves de corps ou d’armée.

L’une des raisons du succès allemand lors de l’ouverture des hostilités était la supériorité de leur artillerie. Le canon de 4 était de portée insuffisante (1.850 m). Le canon de 12 tire, lui, jusqu’à 3.000 mètres mais nous n’en avions que 30 batteries. Nos fusées, réglées pour deux distances seulement, n’explosaient généralement pas au contact du sol, ce qui rendait le bon ajustement de tir difficile. Les ricochés pouvaient être efficaces contre des troupes en ordre serré. Les Allemands possèdaient le canon Krupp, en acier, à l’âme rayée, se chargeant par la culasse, de deux calibres (4, soit 77 m/m 85, et 6, soit 92 m/m 15). Leur portée dépassant 3.000 mètres, ils surclassaient nettement nos batteries de 4. Seules celles de 12, trop peu nombreuses, étaient en mesure de les inquiéter. De plus leurs fusées étaient percutentes et explosaient au contact.. Il faut ajouter à cela, l’utilisation optimum de l’artillerie par les Prussiens comme le feux groupé que les Français n’utilisaient plus.

L’armée impériale utilisaient trois types de munitions : l’obus ordinaire, l’obus à balles et la mitraille. Il semble qu’on est utilisé seulement l’obus ordinaire car les obus à balles et la mitraille exposaient dangereusement les artilleurs dû au fait que l’infanterie tirait mieux et plus loin. L’obus à balles devait se tirer face à la cible et la mitraille au contact.

( 1 juin, 2008 )

La couleur des affûts d’artillerie allemande

Bade 

Le train, le caisson et l’affût des canons étaient gris-olive. 

Bavière 

Le train, le caisson et l’affût des canons étaient gris-moyen. 

Brunswick 

Le train, le caisson et l’affût des canons étaient noirs. 

Hesse-Darmstadt 

Le train, le caisson et l’affût des canons étaient gris. 

Mecklenburg 

L’artillerie était la même que la prussienne 

Saxe 

Le train, le caisson et l’affût des canons étaient gris. 

Wurtemberg 

Le train, le caisson et l’affût des canons étaient gris-vert. 

( 23 mai, 2008 )

L’armement des belligérents

L’armement des troupes allemandes 

Bade 

L’infanterie était armée du fusil rayé à culasse badois M1867 et prussien M1862 (Life Gre-nadier Regt, 5e RI). Les dragons étaient encore armés de la carabine rayée à percussion badoise M1853. L’artillerie badoise était dotée du nouveau canon rayé Krupp (8cm C/64 et 9cm C/67). 

Bavière 

L’infanterie était encore armée du fusil rayé à percussion Podewils M1867 sauf le 12e et 13e régiment d’infanterie qui avaientt reçus le nouveau fusil rayé à chargement par la culasse Werder M1869. Les jägers était armés d’une version plus courte du fusil Podewils sauf les bataillons n°2, 5, 9 et 10 qui avaient reçu la version carabine de l’excellent fusil Werder. Les chevau-légers étaient dotés de la carabine prussienne M1857. Les uhlans étaient armés de la lance. 

L’artillerie bavaroise était encore dotée de canon de 4 et de 6 (système Zoller). Au mois de septembre, l’artillerie sera renforcée avec des batteries de mitrailleuses. Le 2e régiment recevra une batterie à cheval de 12. Les artilleurs bavarois n’avaient pas de carabines mais ils se serviront de chassepots capturés à l’ennemi. 

Brunswick 

L’infanterie était armée du fusil rayé à chargement par la culasse prussien M1862. Les hussards étaient armés de la carabine rayée à chargement par la culasse M1857. L’artillerie était armée de canons rayés  de 6. Les artilleurs n’avaient pas de carabines. 

Hesse-Darmstadt 

L’infanterie était armée du fusil rayé à chargement par la culasse prussien M1862. Les jägers étaient armés du fusil prussien à culasse M1865. Les chevau-légers étaient armés de la carabine prussienne à culasse M1857. L’artillerie hessoise était du modèle prussien. 

Mecklenburg 

L’infanterie était armée du fusil rayé à chargement par la culasse prussien M1862. Les jägers étaient armés du fusil prussien à culasse M1865. Les dragons étaient armés de la carabine rayée à chargement par la culasse M1857. L’artillerie mecklenburgeoise était du modèle prussien. 

Saxe 

L’infanterie était armée du fusil rayé à chargement par la culasse prussien M1862. Les deux bataillons de jägers étaient armés du fusil prussien à culasse M1865 et le régiment Schützen était armé du fusil de fusilier M1860. La cavalerie saxonne était armée de la carabine rayée à chargement par la culasse M1857. Les uhlans étaient dotés de la lance. 

Wurtemberg 

L’infanterie et les jägers étaient armés du fusil rayé à chargement par la culasse prussien M1867. La cavalerie était armée pour ⅔ de pistolet à percussion  et pour  ⅓ de la carabine prussienne à culasse M1857.

L’armement des  troupes françaises 

L’époque impériale 

L’équipement de l’armée impériale est globalement standardisé : l’infanterie est armée du chassepot. Les dragons, la cavalerie légère et l’artillerie sont armés du fusil de dragon du modèle chassepot.  Les lanciers de la ligne et de la garde étaient armés de la lance.  L’artillerie dispose de mitrailleuse Reffye et de canons rayé en bronze à chargement par la bouche de 4 et de 12. 

L’époque républicaine 

Après les pertes en armement et en équipement de l’armée du Rhin et de Châlons, la red-dition de Metz et de Sedan, le gouvernement de la Défense Nationale est face à un gros problème d’armement : on estime les effectifs à 800000 hommes au mois de février 1871 mais seulement 290000 sont armés du chassepot, 150000 de différents fusils à chargement par la culasse et le reste de fusils à percussion ou de mousquets. Concernant les canons, beaucoup de modèle et de calibre différents ont été utilisés durant la période républicaine. De même pour les mitrailleuses. 

( 22 mai, 2008 )

«La France seule contre tous»

(Article du n°58 de la revue « Historia »)

En décidant sur un coup de tête, entre le 6 et le 19 juillet 1870, d’entrer en guerre contre la Prusse, l’entourage de Napoléon III croyait pouvoir compter sur trois alliés au moins : l’Autriche, l’Italie et le Danemark. La réalité fut tout autre et la France se retrouva isolée à la veille de la guerre. 

L’Autriche 

François-Joseph, l’empereur d’Autriche veut bien oublier que Napoléon III lui a enlevé la Lombardie en favorisant l’unité italienne et abandonné son frère Maximilien dans le guêpier mexicain, mais il doit composer avec l’opinion neutraliste de ses sujets hongrois et surtout, avec la menace de représailles russes. Circonstance aggravante : la précipitation de la France en 1870 ne laisse pas à François-Joseph le temps de préparer son peuple à l’idée d’une guerre, la troisième en onze ans. Dans ces conditions, hésitant à franchir le pas, il subordonne son intervention à un premier succès français en Allemagne du Sud, et à la condition que Napoléon III y soit vraiment accueilli en libérateur. 

La Belgique 

Léopold II le roi des Belges déteste Napoléon III qui a spolié sa mère, une princesse d’Orléans, et rendu folle sa sœur Charlotte, la malheureuse impératrice du Mexique. En révélant, le 20 juillet 1870, que l’ambassadeur de France lui a secrètement demandé au moment de Sadowa (1866) d’annexer la Belgique et le Luxembourg, et en prenant soin de faire publier la nouvelle dans le Times, Bismarck réussit à soulever contre la France à la fois l’opinion belge et l’opinion britannique. Léopold II mobilise 80000 hommes le long de la frontière française et écrit à la reine Victoria, sa nièce par alliance : « l’empereur Napoléon est un conspirateur… Il est le grand coupable. L’Europe entière devrait profiter de l’occasion pour dicter à la France ses conditions. » Ainsi, avec cette question belge, Napoléon III a-t-il perdu le soutien de sa plus fidèle alliée, l’Angleterre. 

Le Danemark 

Christian IX, désireux de récupérer les duchés de Schleswig et du Holstein arrachés par la Prusse en 1864, envisage bien un moment d’aider la marine française – alors l’une des premières du monde -, à débarquer près de Kiel. Mais la mauvaise volonté du ministre de la Marine, l’amiral Rigault de Genouilly, retarda l’opération et lorsque les Danois apprirent nos défaites en Alsace, ils jugèrent prudent de s’excuser. 

La Grande-Bretagne 

Victoria a de meilleures relations avec Napoléon III depuis sa visite en 1855 et la guerre de Crimée. Mais, avec l’arrivée de Gladstone au pouvoir et le mariage de la princesse Vicky (fille de Victoria) avec le prince héritier de Prusse, l’empereur a perdu ses appuis au gouvernement et à la Cour. L’habilité de Bismarck à dévoiler les projets belges de Napoléon III va retourner l’opinion contre la France. Le lendemain de la déclaration de guerre par la France, l’Illustrated News écrit : « L’empire libéral fait la guerre pour une question d’étiquette. » Le Times renchérit : « C’est le plus grand crime qu’une nation ait commis depuis la chute de Napoléon. » Et Victoria note : « Le comportement vantard et prétentieux des Français rendait la guerre inévitable. » 

L’Italie 

Victor-Emmanuel II doit la Lombardie à Napoléon III mais la Vénétie à Bismarck. Mais la France, en maintenant à Rome une division pour protéger le pouvoir temporel du pape, empêche le roi italien d’en faire sa capitale. Soucieux de ménager l’opinion des catholiques, dont certains ne craignent pas de dire « plutôt les Prussiens à Paris que les Italiens à Rome », Napoléon III refuse de « perdre son honneur sur le Tibre ». L’Italie, elle, optera pour la neutralité… 

La Russie 

Alexandre II s’est brouillé sur la question polonaise avec Napoléon III, lequel tolère à Paris l’existence d’un parti polonais animé par Walewski (le fils naturel de Napoléon Ier), d’un comité central pour la cause polonaise et la publication de romans dénonçant les atrocités russes. Cette brouille s’envenime encore lors de la visite du tsar à l’Exposition universelle de Paris en 1867. Le Russe prend très mal l’invective de l’avocat Floquet qui lance sur son passage un « Vive la Pologne, Monsieur ». Puis, au retour de la revue de Longchamps, il essuie un coup de feu tiré par un patriote polonais et échappe de peu à la mort. Le soir même, il veut repartir. L’impératrice réussit à l’en dissuader mais le tsar en garde rancune. En 1870, il promet à Bismarck de prendre l’Autriche à revers si elle fait cause commune avec la France. 

 

( 22 mai, 2008 )

Chronologie des opérations du 19 juillet au 10 mai 1871

(D’après l’article de Michèle Battesti dans le numéro n°58 de la revue « Historia ») 

« La guerre en quatre actes… » 

15 juillet 1870 : Guillaume 1er décrète la mobilisation 

17 juillet : l’Italie fait savoir qu’elle ne soutiendra la France que si l’Autriche fait de même et si les troupes françaises évacuent Rome. 

19 juillet : la France déclare la guerre à la Prusse. 

20 juillet : l’Autriche se prononce pour la neutralité. 

24 juillet : appareillage de l’escadre du Nord (vice-amiral Bouët-Willaumez) pour la mer Baltique. 

28 juillet : Napoléon III arrive à Metz pour prendre le commandement de l’armée du Rhin, laissant la régence à l’impératrice Eugénie. L’armée est en cours de concentration dans le plus grand désordre – en deux masses, à Strasbourg avec le général Mac-Mahon, et à Metz 128000 hommes que doit commander Napoléon III. Le 5e corps (général de Failly) assure la liaison. Elle compte 285000 hommes. 

Acte I : la défense des frontières 

2 août : les opérations s’ouvrent par une initiative française – la seule de toute la campagne -, le IIe corps (général Frossard) s’engage en Sarre jusqu’à Sarrebruck tandis que Molke passe à l’offensive avec trois armées bien regroupées qui vont affronter les corps d’armée français dispersés. 

4 août : la IIIe armée surprend à Wissembourg (Bas-Rhin) une division du Ier corps (général Abel Douay). Surclassée en nombre, celle-ci se défend avec acharnement ; son chef tué, elle évacue la ville dans la soirée. Au lieu de retraiter vers les Vosges, le général Mac-Mahon regroupe les forces d’Alsace dans l’attente de l’appui du Ve corps, qui ne vint jamais. 

5 août : évacuation de Rome par les Français. 

6 août : une initiative du IIe corps bavarois déclenche la bataille de Froeschwiller (Woerth). Les « Turcos » de Mac-Mahon conservent leur position grâce à la précision de tir des chassepots, mais ils risquent d’être encerclés. La charge de cuirassiers de la brigade Michel, puis celle de la division Bonnemains ne peuvent les dégager, écrasées par l’artillerie prussienne. Les combats sont très meurtriers : chaque camp dénombre entre 10000 et 11000 hommes mis hors de combat. Mac-Mahon est obligé d’évacuer l’Alsace. Le même jour, le scénario se reproduit à l’identique à Forbach (Spicheren). Le IIe corps, installé solidement, est attaqué par une division de l’armée Steinmetz. Frossard réclame le soutien de Bazaine tandis que les Prussiens se renforcent. Le soir, n’ayant pas obtenu l’aide de Bazaine, Frossard décroche de Spicheren sans que le rapport de force justifie un tel mouvement. Les Français comptent 4000 tués et blessés ; les Prussiens 5000. La nouvelle de ces revers entraîne la chute du ministre Ollivier. 

10 août : le nouveau gouvernement dirigé par le général Cousin-Mautauban, comte de Palikao prend des mesures pour tenter de sauver la situation, comme l’appel de la classe 1870. 

12 août : Bazaine prend le commandement de l’armée du Rhin réduite aux corps d’armée de Lorraine, Mac-Mahon assure le commandement des trois corps en retraite depuis l’Alsace vers le camp de Châlons-sur-Marne. 

Acte II : anéantissement de l’armée impériale 

14 août : Bazaine prend la route de Verdun lorsqu’il entre contact avec les avant-gardes de l’armée Steinmetz. Sans ordre, le général von der Golz engage le combat à Borny, qui se solde par un décrochage prussien. Ce succès tactique a des effets pervers en retardant le mouvement de Bazaine et en informant Moltke sur la situation de l’adversaire sur la rive gauche de la Moselle. La IIe armée accélère le mouvement en direction de Pont-à-Mousson pour traverser la Moselle et déborder par le sud les forces de Bazaine. 

15 août : proclamation du blocus des côtes allemandes, en mer du Nord et en mer Baltique. 

16 août : les Prussiens surprennent le gros de l’armée française à l’aube encore en bivouac. Une sanglante bataille de douze heures s’engage sur un front de 11km entre Gravelotte-Rezonville et Mars-la-Tour : 16000 hommes sont mis hors de combat dans les deux camps. Bazaine prend la décision très controversée de se replier sur Verdun pour s’y ravitailler. 

18 août : à Saint-Privat, 220000 prussiens s’opposent à 125000 Français dans la bataille la plus sanglante de la guerre. Seules l’artillerie prussienne et l’intervention d’une division saxonne contraignent les 38000 hommes de Canrobert, n’ayant reçu aucun renfort de Bazaine, à se replier sur Woippy. Les pertes des Prussiens s’élèvent à 20000 hommes tués et blessés, celles des Français 13000 et 5000 prisonniers. 

20 août : les Allemands coupent  la voie ferré Metz-Thionville. L’encerclement des 170000 hommes de Bazaine est achevé. Pendant  que l’armée du Rhin est en train de se laisser neutraliser, le gouvernement Palikao organise la défense de Paris dont le général Trochu est nommé gouverneur. Simultanément, il constitue une nouvelle armée  à Châlons-sur-Marne, sous le commandement de Mac-Mahon, comprenant deux nouveaux corps d’armée formés d’unités transférées d’Algérie, de régiments de marche et des débris des trois corps d’Alsace ayant rallié à pied ou par voie ferrée. Cette armée est tiraillée entre les ordres contradictoires  de Napoléon III qui veut la ramener à Paris et du gouvernement qui veut l’envoyer à la rencontre de Bazaine qui est censé échapper à l’encerclement. 

21 août : Mac-Mahon commence par faire mouvement vers Reims avant de recevoir l’ordre de Palikao de se diriger vers l’est. Il parvient. A Argonne le 26, mais la IIIe armée et la IVe armée menacent son flan droit. Moltke peut anticiper les mouvements des troupes françaises grâce aux journaux parisiens, en particuliers Le Temps, qui ne pratiquent pas la censure. Mac-Mahon, conscient de la menace, veut s’y soustraire en rejoignant Mézières. 

28 août : Mac-Mahon reçoit l’ordre de reprendre la route de l’est. 

30 août : à Beaumont-en-Argonne, le corps de Failly est mis en déroute (5000 hommes hors de combat). Mac-Mahon renonce à passer la Meuse et décide de s’abriter à Sedan. Une armée de 125000 hommes parvient ainsi dans la cuvette de Sedan. Elle est acculée à la frontière belge par la IIIe armée qui coupe la route de Mézières et par la Ive armée bloquant celle de Montmédy. 

1er septembre : Mac-Mahon est blessé dès le début de l’engagement ; il est d’abord remplacé par Ducrot, puis par Wimpffen à la requête de ce dernier bien qu’il ne connaisse rien du théâtre des opérations. Malgré les charges de cavalerie des généraux Bonnemains et Margueritte à Floing, malgré le sacrifice de la division coloniale de Vassoigne à Bazeilles, l’armée de Châlons, accablée par les tirs concentriques de 800 pièces d’artillerie, cesse le feu sur ordre de l’empereur qui se constitue prisonnier de « son frère ». Napoléon III est enfermé à Wilhemshöhe, ancienne résidence westphalienne de son oncle, le roi Jérôme Bonaparte. 

2 septembre : le général Wimpffen signe la capitulation de Sedan (83000 hommes, 400 canons, 12000 chevaux). Le corps d’armée du général Vinoy, parti de Paris pour renforcer les troupes de Mac-Mahon, n’a pu y parvenir et a fini par rebrousser chemin. 

Acte III : les républicains poursuivent la guerre 

4 septembre : déchéance de Napoléon III et proclamation de la république ; constitution d’un gouvernement de la Défense nationale sous le gouvernement du général Trochu. Le nouveau gouvernement prend des mesures pour organiser la résistance de Paris et poursuivre la guerre à outrance. « Nous ne céderons ni un pouce de notre territoire, ni une pierre de nos forteresse » (déclaration du 6 septembre). La saignée des troupes se poursuit avec la capitulation progressive des places fortes de l’est de la France, à l’issue de sièges de plus ou moins longue durée. 

9 septembre : combat de Châtillon (Hauts-de-Seine). Début de l’investissement de Paris. Ses fortifications lui assurent un « espace vital » puisque la ligne d’encerclement des Prussiens, parvenus au terme d’une marche méthodique de deux semaines, s’étire sur 150 à 170 km de circonférence. Les conditions sont précaires en raison de la présence de deux millions d’habitants, parmi lesquels 200000 banlieusards réfugiés dans le camp retranché. La stratégie de Moltke consiste à renforcer l’investissement de Paris en laissant pourrir la situation dans la capitale isolée et à tenir éloignées, voire à détruire, les armées qui tenteraient de s’en approcher pour rétablir les communications. Toutes les tentatives de sortie de l’armée de Paris (400000 hommes) se soldent par un échec. 

23 septembre : capitulation de Toul. Combat de Villejuif. 

27 septembre : interruption de toute communication entre Paris et la province. Capitulation de Strasbourg sous les bombardements après un siège de deux mois et demi. Le lendemain, les troupes victorieuses entrent et cantonnent chez l’habitant. Les jours suivants, les autorités civiles allemandes s’installent. 

7 octobre : Léon Gambetta quitte Paris en ballon pour Tours. Il met sur pied les armées nationales (achat d’armes à l’étranger, mobilisation de 600000 hommes âgés de vingt à quarante ans), composées de douze corps d’armée armés de 1400 canons. 

13 octobre : perte d’Orléans. 

27 octobre : capitulation de Metz, une véritable catastrophe qui neutralise 173000 hommes (dont 6000 officiers et trois maréchaux) qui sont envoyés en captivité avec 56 drapeaux, 1600 canons et 250000 fusils, et que sept corps d’armée allemands sont libérés. 

28 octobre : combat du Bourget. 

30 octobre : reprise du Bourget par les Prussiens. 

4 novembre : début su siège de Belfort. 

5 novembre : le général d’Aurelle de Paladines reçoit l’ordre de reprendre l’offensive. 

8 novembre : capitulation de Verdun. 

9 novembre : combat de l’aviso française, le Bouvet, et de la canonnière prussienne, le Meteor, seul engagement naval de la guerre livré au large de La Havane et qui se solde par « match nul ». 

9-10 novembre : capitulation de Neuf-Brisach. Victoire de Coulmiers ; Aurelles de Paladines contraint les Bavarois à abandonner Orléans. 

14 novembre : nomination du général d’Aurelles de Paladines au commandement de l’armée de la Loire. 

18 novembre : nomination du général Faidherbe commandant de l’armée du Nord. 

24 novembre : capitulation de Thionville. Marche en avant de l’armée de la Loire. La stratégie  de Gambetta et de Freycinet est de lancer l’armée de la Loire vers Paris, en combinant cette offensive avec une percée de l’armée de Paris. Mais simultanément  le dispositif prussien s’étoffe : la 1er armée couvre l’investissement de Paris au nord en marchant sur la Somme. La IIe armée (Frédéric-Charles) arrive dans la région de Montargis-Pithiviers avec plus de 110000 hommes s’interposent entre l’armée de la Loire et Paris. 

27 novembre : bataille de Beaune-la-Rolande. 

30 novembre : franchissement de la Marne par l’armée de Paris (200000 hommes). Entre Neuilly-sur-Marne et Champigny, l’armée de Paris parvient à occuper la première ligne des Wurtembergeois, mais au prix de pertes considérables qui nécessitent une trêve pour relever morts et blessés. 

Acte IV : derniers sièges et chute de Paris 

2-3 décembre : à la nouvelle (fausse) d’une percée de l’armée de Paris, le général Aurelles de Paladines reçoit l’ordre de faire mouvement en direction de Pithiviers, puis de la forêt de Fontainebleau. A Loigny et Pathay, la IIe armée prend l’avantage et rejette les corps d’Aurelle au sud de la Loire. La bataille de Champigny tourne à la défaite. Les conditions météorologiques  sont particulièrement rudes, il fait -10°C, le général Ducrot ordonne la retraite de l’armée de Paris. 

4 décembre : défaite devant Orléans et chute de la ville. Destitution du général Aurelle de Paladines. Les efforts pour sauver Paris sont abandonnés. Mais à partir de l’armée d’Aurelle, Mac-Mahon constitue la IIe armée de la Loire (Chanzy) et l’armée de l’Est (Bourbaki) qui devient l’instrument de son deuxième dessein stratégique : débloquer Belfort et couper les communications allemandes en Alsace. 

5 décembre : chute de Rouen. 

6-10 décembre : défense des lignes de Josnes par Chanzy. 

8-9 décembre : reprise d’Amiens par l’armée du Nord. 

12-14 décembre : capitulation de Phalsbourg et Montmédy. 

19 décembre : repli de Chanzy sur le Mans. 

21 décembre : échec d’une nouvelle tentative de sortie de l’armée de Paris vers Saint-Denis et Ville-Evrard. 

23 décembre : l’armée du Nord bat les allemands à Pont-Voyelles. Nouvelles pertes d’Amiens (Somme). 

2 janvier 1871 : capitulation de Mézières. 

2-3 janvier : l’armée du Nord remporte une nouvelle victoire à Bapaume. 

4 janvier : la corvette prussienne Augusta défraye la chronique navale en capturant deux caboteurs et un petit bâtiment de servitude dans l’embouchure de la Gironde. Les pertes françaises sont minimes, mais le retentissement considérables. 

5 janvier : début du bombardement du sud de Paris. 

9 janvier : les 100000 hommes de l’armée de l’Est, transportés par voie ferrée, depuis Bourges et Nevers jusqu’à Châlons et Besançon, progressent à pied sous la neige vers Belfort défendue par Denfert-Rochereau. Ils remportent un succès d’avant-garde à Villersexel. Capitulation de Péronne.  11-12 janvier : la IIe armée de la Loire, battue au Mans, retraite vers la Mayenne. 

16 janvier : arrivée de Chanzy à Laval, son armée est réduite à 20000 hommes. 

15-17 janvier : l’armée de l’Est se heurte au général prussien Werder à Héricourt et commence à se débander. Elle est contrainte de se replier vers Besançon. Mais le général prussien Manteuffel lui coupe la route de Besançon-Lyon, l’acculant à la frontière suisse. 

18 janvier : à Versailles, proclamation de Guillaume Ier, empereur d’Allemagne. 

19 janvier : l’armée du Nord est vaincue à Saint-Quentin, mais la résistance de Faidherbe vaut aux départements du Nord et du Pas-de-Calais d’échapper à l’occupation ennemie. A Paris, la dernière tentative de sortie à Montretout-Buzenval est particulièrement meurtrière. Trochu démissionne. Les négociations d’armistice s’imposent par la « force majeure ». 

22 janvier : échec d’une insurrection parisienne. 

27 janvier : capitulation de Longwy. Bourbaki ayant tenté de se suicider, il est remplacé par le général Clinchamp qui négocie le passage en Suisse des débris de l’armée de l’Est. Seules Belfort et l’indomptable Bitche, assiégée depuis août 1870, résistent encore. 

28 janvier : Paris capitule. Signature de l’armistice à Versailles. 

1er février : début de l’internement de l’armée de l’Est en Suisse. 

8 février : élection d’une assemblée nationale. Victoire des conservatoires. 

12 février : réunion de l’Assemblée. 

17 février : Adolphe Thiers est désigné chef du gouvernement provisoire. 

18 février : Denfert-Rochereau évacue Belfort sur l’ordre du gouvernement. 

26 février : signature des préliminaires de paix à Versailles. 

1er mars : entrée des Prussiens dans la capitale. 

3 mars : évacuation de la capitale par les Prussiens. 

10 mai : traité de Francfort 

21-28 mai : la « semaine sanglante », écrasement par les « Versaillais » de la Commune de Paris. 

29 juin 1872 : convention sur la libération des départements occupés. 

16 septembre 1873 : évacuation de la France par les Allemands. 

( 22 avril, 2008 )

Les zouaves pontificaux ou « Volontaires de l’Ouest »

( 13 avril, 2008 )

Carte des mouvements des différentes armées

francoprussianwar.jpg

( 5 avril, 2008 )

L’armement des belligérents

( 29 mars, 2008 )

L’infanterie prussienne: formations, tactiques,…

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