August Graf von WerderKarl Friedrich Wilhelm Leopold August Graf von Werder est un général prussien né le 12 septembre 1808 à Schlossberg et décédé le 12 septembre 1888 au château de Grüssow en Poméranie.
Pendant la guerre de 1870
Le corps d’armée du général Werder était composé de la division badoise et de la division wurtembourgeoise.
Il passe la Lauter à Lauterbourg et pénètre en territoire français sans rencontrer de résistance.
1. Le siège de Belfort
Situation avant le siège
Après la Bataille de Frœschwiller-Wœrth, le Prince héritier Frédéric ordonna au général August von Werder de se diriger avec son armée vers la forteresse de Strasbourg. À l’époque, la forteresse de Strasbourg (avec celle de Metz) était considérée comme une des places les mieux défendues de France. L’armée de Werder était forte de 40 000 hommes du Wurtemberg et de Bade qui sont situées de l’autre côté du Rhin par rapport à Strasbourg. La garnison française était forte de 17 000 sous les ordres du général Uhrich, âgé de 68 ans.
Les premiers bombardements
Werder sait la valeur qu’aurait la capture de la ville, aussi il rejetta dans un premier temps l’option, plus humaine mais également plus longue, du siège qui aurait obligé les troupes affamées à se rendre. Au lieu de cela, il décida de passer à l’action dès le début en bombardant les fortifications et les civils qui se trouvaient à l’intérieur.Le 23 août les canons de siège allemands ouvrirent le feu, causant des dégâts considérables à la ville et à ses monuments. L’archevêque de Strasbourg alla rencontrer Werder pour le prier de cesser les bombardements et d’épargner la population civile. Il alla même demander à Uhrich de payer 100 000 francs chaque jour où Werder ne bombardait pas la ville. Uhrich refusa la proposition, mais bientôt Werder réalisa qu’il ne pourrait continuer de tels bombardements avec la quantité de munitions qui lui restait.
Le siège
Werder continua à bombarder la ville en se concentrant sur certaines parties de fortifications. Les lignes de siège allemande se rapprochaient rapidement de la ville au fur et à mesure que les autres forteresse alentours étaient réduites à l’état de ruine. Le 11 septembre, une délégation de volontaires suisses entra dans la ville pour aider à évacuer les non-combattants. Cette délégation apporta la nouvelle de la défaite française lors de la bataille de Sedan, ce qui signifiait qu’aucun renfort n’allait arriver à Strasbourg. Le 19 septembre, les civils restés dans la ville demandèrent à Uhrich de capituler, mais il refusa, pensant qu’une issue favorable était encore possible. Cependant, le même jour, Weder lança une attaque et captura une des fortifications de la ville. Cet évènement commença à faire douter Uhrich de sa capacité à défendre la ville. Le 27 septembre, Uhrich commença des négociations avec Werder et la ville se rendit le jour suivant.
Conséquences
La capitulation de Strasbourg permit aux forces de Werder de s’engager dans de nouvelles opérations, dans le sud-est de la France. Elles combattirent notamment à Belfort qui se rendit en novembre.
2. La bataille de Villersexel
La bataille de Villersexel lors de la Guerre franco-allemande de 1870 oppose le 9 janvier 1871 des éléments de l’armée de l’Est sous la direction du général Bourbaki aux troupes prussiennes commandées par le général Werder. Elle se termine par une victoire française, restée sans lendemain, puisqu’elle précède une défaite à l’occasion de la bataille de la Lizaine.
Contexte
Les troupes françaises sont affaiblies par d’importantes difficultés de ravitaillement qui freinent leurs mouvements. Cette inorganisation, conjuguée à des conditions climatiques rigoureuses, s’inscrit en outre dans le contexte des déroutes précédentes marquées par les capitulations de Napoléon III à Sedan, du maréchal Bazaine à Metz et du siège de Paris. L’objectif de l’Armée de l’Est est de rejoindre Belfort, où résiste le Colonel Denfert-Rochereau, pour prendre les forces allemandes à revers.
Déroulement
Le contact s’opère dans la matinée du 9 janvier dans la localité de Villersexel, où un détachement français s’est installé la veille. Les prussiens parviennent à déborder les troupes qui tiennent le pont sur l’Ognon, en empruntant une passerelle peu protégée en aval. A 13 heures, Villersexel est occupée par les allemands qui prennent possession du château. Les combats se poursuivent aux alentours, à l’Ouest à Esprels et Autrey-le-Vay, à l’Est à Villers-la-Ville. La contre-attaque française est menée dans l’après- midi par Bourbaki lui même, le château étant repris à 17 heures après une mélée confuse où les adversaires s’affrontent au corps à corps. La résistance se poursuit une partie de la nuit, cessant vers 3 heures le 10 janvier avec l’évacuation des troupes prussiennes. Bourbaki ne reprendra son mouvement que le 13 janvier, alors que Werder a pu se replier une vingtaine de kilomètres au Nord sur la Lizaine.
3. Le siège de Belfort
Un début de siège difficile
Lorsque les troupes allemandes, commandées par le général von Werder et son adjoint le général von Tresckow, investissent les pourtours de la ville le 3 novembre, elles se heurtent à une résistance plus vive que prévue. Tout au long du premier mois, la garnison de Belfort parvient à mener des sorties, appuyées par ses canons à longue portée, avec pour résultat l’obligation répétée pour les Allemands de reculer, abandonnant les villages qu’ils pouvaient avoir pris auparavant. Inférieurs numériquement et confrontés à un hiver rigoureux, les Allemands ne peuvent progresser que lentement dans le développement de leur siège.
Victoires et progressions allemandes
Ce n’est qu’à partir du 3 décembre que les Allemands, équipés de canons de faible portée, peuvent procéder à un bombardement de la ville, suivi d’une rapide interruption du fait d’une riposte énergique de la garnison. Mais dès le 13 décembre, les assiégeants progressent, conquièrent certaines positions et fortins qui leur permettent de bombarder de façon intensive et quasi continue la ville, d’autant qu’ils reçoivent de nouveaux canons en renfort et que les défenseurs sont depuis le début de janvier affaiblis par une épidémie de typhus et de variole.
Parallèlement, une armée de l’Est a été constituée dans le but de libérer Belfort, puis, pour une part de porter la guerre à l’est du Rhin et pour l’autre part de couper les arrières des armées allemandes positionnées au nord-est de la France. Le général Bourbaki est à son commandement, mais l’armée progresse lentement et von Werder organise une ligne de défense efficace qui lui permet de concentrer ses troupes au point où les Français font signe de lancer leur attaque principale. Cette attaque à lieu le 16 janvier, après une journée de préparation d’artillerie. Malgré quelques erreurs d’organisation, l’armée de l’Est parvient à durement affaiblir ses ennemis et à les faire reculer à proximité de Belfort, où la population, pleine d’espoir, peut entendre le bruit des bombardements. Mais, à l’image de ce qui s’est passé à Mars-la-Tour six mois plus tôt, Bourbaki, surestimant l’adversaire et sous-estimant ses forces, donne l’ordre de revenir sur les positions initiales, refusant de poursuivre l’avantage. Le 17, ses troupes repoussent victorieusement une attaque surprise d’un régiment badois, mais restent encore sur place, puis le 18, Bourbaki ordonne la retraite. C’en est fini des espoirs de libération pour Belfort.
C’est avec des troupes renforcées et du matériel supplémentaire que von Tresckow peut redoubler d’intensité dans le siège des fortifications. Mais son désir de voir chuter Belfort le rend imprudent ou impatient, et le 27 janvier, il lance une offensive prématurée et insuffisamment protégée sur la redoute des Perches, qui lui coûte la vie de 500 hommes. Il doit alors se résoudre à une avance en tranchées, plus prudente et plus adaptée à son infériorité numérique persistante. C’est le 8 février qu’il parvient à s’emparer de la redoute des Perches, ouvrant la voie à l’attaque directe du château. L’issue du siège est désormais jouée : les défenseurs ne seront plus capables de résister bien longtemps.
L’ordre de la reddition
Mais les opérations sont suspendues à l’annonce de l’intégration de Belfort dans l’armistice général (15 février) et le 18 février, Denfert-Rochereau reçoit un ordre exprès du gouvernement de la Défense nationale, présidé par Louis Adolphe Thiers, lui intimant l’ordre de rendre les armes. C’est donc après un siège de 103 jours où sa garnison et la population firent preuve d’une résistance héroïque que Belfort fut quittée par ses défenseurs, munis d’un laissez-passer et portant fièrement leurs armes.
La garnison comprenait initialement 17 700 hommes, dont 4 750 trouvèrent la mort, ainsi que 336 civils, tandis que presque tous les bâtiments de la ville avaient été endommagés par les bombardements. Les Allemands ont quant à eux perdu environ 2 000 hommes pendant le siège.
La résistance de Belfort sauva l’honneur d’une France humiliée et déshonorée par la défaite de Mac-Mahon à Sedan et la honteuse reddition de Bazaine à Metz. Elle offrit aussi la possibilité à Thiers de négocier la conservation de l’arrondissement de Belfort au sein de la France, alors qu’il faisait auparavant partie de l’Alsace, désormais revendiquée par les Allemands.
En hommage à cette résistance, il fut offert à la ville un monument réalisé par Bartholdi et placé sur le flanc de la falaise dominant la ville : le Lion de Belfort.
4. La bataille de la Lizaine
En décembre 1870, le gouvernement constitue une nouvelle armée sous l’autorité du général Charles Denis Bourbaki. Cette dernière dénommée Armée de l’Est, prend naissance à Bourges et s’étoffe tant bien que mal durant son parcours en direction de l’est (Chalon-sur-Saône, Besançon). Elle a pour objectif de couper les arrières et les lignes de communication des Prussiens, et au passage de délivrer Belfort où le colonel Denfert-Rochereau et ses troupes se sont enfermés dans la citadelle… Après avoir débarqué le gros de l’Armée dans la petite gare de Clerval (petite ville au nord de Besançon), le général Bourbaki engage sa campagne à l’Est. Première étape : s’emparer de Villersexel (Haute-Saône)…
Le 8 janvier 1871, la bataille de Villersexel est engagée. Le lendemain, elle connait son apogée par une victoire des troupes françaises. Sous le commandement de l’intuitif général de Werder, les Prussiens se retirent de Villersexel (car pour Werder, cette ville n’a rien de stratégique), et migrent en direction de Montbéliard. Les Prussiens s’installent alors sur une ligne géographique qui suit un petit cours d’eau : la Lizaine. Au sud, Montbéliard-Héricourt, au nord, Frahier. Les troupes prussiennes rejoignent ainsi les contingents qui occupent déjà tout le Pays. De Werder suppute (à raison) le plan de Bourbaki qui est de se diriger sur Belfort afin de reprendre la ville et délivrer la garnison française…
Mais enlisée à Villersexel dans des problèmes de ravitaillement de toutes sortes, l’Armée de l’Est est incapable de poursuivre rapidement son adversaire. Mettant ainsi à profit cette inaction, les troupes prussiennes prennent pied sur la rive gauche de la Lizaine (ou Luzine), petite rivière qui se jette à Montbéliard dans l’Allan. Cette rivière, bien que peu importante, forme un obstacle naturel. De plus, le remblai de la ligne de chemin de fer qui suit la Lizaine (de Montbéliard à Héricourt) offre un abri inopiné pour les Prussiens. Les Prussiens profitent de ses deux jours de répit (10 et 12 janvier) pour placer des soldats tout le long de la Lizaine. Des bouches à feu sont installées sur les hauteurs : à Chalonvillars (pour défendre Chenebier et Frahier), au Mont-Vaudois (pour tenir Héricourt) et, à Montbéliard (aux mains des Prussiens depuis novembre 1870), au niveau des Grands-Bois et sur ce qu’on appellera plus tard les Batteries du Parc. Les soldats allemands profitent de la valeur défensive de la Lizaine dont la largeur oscille entre 6 et 8 mètres et la profondeur près d’un mètre. Ils font sauter la plupart des ponts, bourrent d’explosifs les autres, aménagent les routes pour faire passer le ravitaillement… Les Français, de leur côté, sont sur un terrain boisé difficile. Ainsi donc, de Montbéliard à Frahier (Haute-Saône), une ligne de front d’environ 20 Km est puissamment défendue.
Le 14 janvier, les premiers contingents français parviennent dans la région d’Arcey (10 km au nord-ouest de Montbéliard). Après quelques escarmouches avec des postes avancés prussiens, l’Armée de l’Est parvient sur les hauteurs de Montbéliard. Le plan de Bourbaki consiste en une attaque frontale déployée sur 19 km…
Composée de 140 000 hommes, l’armée est hétéroclite et improvisée. L’ennemi est composé d’environ 52 000 hommes. Le climat en ce début de bataille est extrêmement rigoureux. Il neige, et il a neigé abondamment durant les jours précédents ; la température nocturne atteint -20°. Alors que les prussiens ont trouvé des abris par réquisitions, les troupes françaises bivouaquent dans les bois et dans les chemins creux. En dépit des actes de bravoure accomplis dans la région de Villersexel, c’est une armée épuisée et mal équipée qui arrive pour combattre sur le front de la Lizaine (on manque, par exemple, totalement de fers à glace pour les chevaux). Les premiers combats s’engagent devant les villes d’Héricourt et de Montbéliard. Les troupes pénètrent dans la ville et attaque le château pour y déloger les prussiens qui tirent à l’arme lourde. Le petit village de Béthoncourt au nord-est de Montbéliard connait un douloureux combat durant lequel succombent des bataillons de savoyards et de zouaves. Mais les luttes les plus sanglantes se déroulent devant Héricourt et Chagey. Pendant trois jours, les combats sur la ligne de la Lizaine connaissent des affrontements acharnés.
Le 18 janvier, aucune percée décisive n’ayant été marquée, le général Bourbaki décide de suspendre les combats et d’opérer la retraite de ses troupes en direction du sud, vers Besançon. La délivrance de Belfort aura donc échoué. Mais prise en tenaille par une nouvelle armée (Manteuffel), l’Armée de l’Est est contrainte de dévier sa marche en direction de Pontarlier. Cette retraite sur le plateau du Haut-Doubs, dans le froid sévère et la neige, est comparable au tableau Le Radeau de la Méduse. Les soldats, affamés, épuisés, décimés par le froid, n’étaient plus que l’ombre d’eux-mêmes. Acculée à la frontière suisse, l’Armée de l’Est était prise au piège. Bourbaki tentera alors de se suicider. Il laissera le commandement de l’Armée au général Clinchant, son principal adjoint. Ce dernier négociera l’internement de l’Armée en Suisse, après son désarmement au passage de la frontière. À partir du 1er février, 87 000 hommes commenceront à passer la frontière, principalement aux Verrières-de-Joux (petit village au sud-ouest de Pontarlier). 12 000 malades ou blessés sont soignés pendant deux mois avant leur retour progressif en France du 13 mars à juin 1871. 11 800 chevaux, 285 canons, 64 000 fusils, 60 000 sabres… sont vendus et plusieurs milliards de francs sont versés à la Suisse à titre de dédommagement. L’armée de l’Est s’est évaporée. Belfort sous le commandement du colonel Denfert-Rochereau, résiste héroïquement aux assauts des prussiens du 14 novembre 1870 jusqu’à la signature de l’armistice le 28 janvier 1871.